04 Sep 2011

Nouvelle chronique pour V Magazine

La troisième chronique de Gaga pour V Magazine est en ligne ! Vous pouvez la retrouver ici en anglais et ci-dessous en français !

 

L’intégrité des critiques ne devient-elle pas compromise lorsque leurs écrits sont constamment infestés de négativité ? Lorsque le public n’est plus surpris ou excité par l’imprévisibilité de l’écrivain, mais fini plutôt par s’attendre au même cynisme de la part du même cynique ? Lorsqu’on peut prévoir la même critique prévisible d’un critique tout aussi prévisible ? Les créateurs accomplis de mode et de musique ont un effet viscéral sur le monde, ce qui est par conséquent la raison pour laquelle on les distingue publiquement. Alors pourquoi tant de critiques aussi notables semblent si imperméables à l’émotion du travail ? Pourquoi une telle indifférence ? L’intellectualisme remplace-t-il le sentiment ? C’est si facile de dire que quelque chose est mauvais. C’est si facile d’écrire : « Une star, j’ai détesté, pire show de la saison. » Il est bien plus ambitieux de tenir compte d’un travail et de l’analyser. Cela requiert de la recherche, mais peut être que plus personne ne fait de recherche. Alors, lecteurs de V, ma question est : A quel moment la critique devient-elle une insulte et non une réflexion ? Une injure et non de l’esprit ?
 
Je vais proposer un terme pour décrire ce mouvement dans la critique journalistique : le Fondamentalisme Extrême de la Critique. Je définie ce terme comme une instillation de la peur dans les espoirs et les rêves des jeunes inventeurs, dans le but d’établir un échelon des faiseurs de goûts. Il y a une différence entre obtenir un B- en Biologie avec une série de marques rouges poignantes de la part de votre professeur, et se faire donner la fessée avec une règle par une vieille nonne. On peut apprendre du premier, alors que le deuxième n’est que douloureux. L’artiste est le général et le capitaine de son bateau artistique, toujours prêt et disposé à prendre le premier coup et à se noyer s’il heurte un iceberg. Mais en ce qui concerne les critiques, ne devraient-ils pas révéler toutes les informations scientifiques, mathématiques et pertinentes pour expliquer pourquoi le Titanic n’a pas pu éviter le coup, et pourquoi d’autres bateaux de croisière ont réussi ?
 
* La température de l’eau.
* La construction du bateau.
* Le poids du cargo.
* Le nombre de passagers.
* La désorganisation de l’équipage.
 
Mon argumentaire mène à la perspective de l’art, qui est subjectif et finalement non ancré dans les mathématiques ou la physique. N’est-il pas encore plus crucial que les critiques de la mode et de l’art s’informent abondamment non seulement d’histoire de l’art mais aussi du subliminal ? Le public fonctionne sur la supposition que les critiques sont des experts dans leurs domaines respectifs. Mais le sont-ils ? Est-ce que chaque critique a l’âme pour recevoir réellement un travail dans le sens transcendantal ? L’expérience extra-corporelle de l’art ?
 
A l’ère d’Internet, où les collections et les performances sont si accessibles au public et où quiconque peut poster une critique sur Facebook ou Twitter, les chroniqueurs et les critiques ne devraient-ils pas, comme Cathy Horyn (NdT : journaliste de mode pour le New York Times, connue pour ses critiques acerbes), utiliser une approche plus moderne et avancée de la critique, qui les différencie de l’individu moyen chez lui avec son portable ? Le public n’est certainement pas stupide et, en tant que reine de Twitter, je peux témoigner que la gamme d’intellectuels artistes et brillants dont j’entends parler chaque jour est stupéfiant et exaltant. En l’an 2011, tout le monde poste des critiques. Alors comment quelqu’un comme Miss Horyn se démarque-t-elle du lot qui est en ligne ? La réalité des médias d’aujourd’hui est qu’il n’y a pas d’échelons et s’ils ne font pas attention, les journalistes les plus astucieux et cultivés peuvent être réduits aux ragots, alors qu’un enfant de 14 ans qui n’a même pas encore un casier de lycée peut maitriser les médias sociaux et, par la même occasion, générer une opinion spécifique, bien conçue, discutable sur la mode et la musique qui est alors considérée par 200 millions de personnes sur Twitter. Prenez Tavi Gevinson. Elle a 15 ans, et Rodarte (NdT : Maison de couture américaine) a créé un projet entier qu’elle a inspiré. Son site est thestylerookie.com. Je l’adore, et son blog prodigieux et bien écrit est le futur du journalisme. Les paparazzi ont été de manière similaire usurpés par monsieur tout le monde se trimballant avec un appareil photo. Ce moment magique où une star de cinéma posait devant le Metropolitan Museum n’est plus aussi magique. Maintenant tout le monde a un putain de téléphone portable et peut prendre la même putain de photo.
 
Pourquoi rabâchons-nous la prévisibilité des tristement célèbres critiques de mode ? La prévisibilité des critiques les plus notoirement sévères qui continuent à écrire leurs critiques notoirement corrosives ? Pourquoi donner une cacahuète à l’éléphant dans la pièce s’il vous a déjà agressé avec sa trompe ? Cette cacahuète était morte à l’arrivée. Pour être juste, Miss Horyn, la question la plus critique à poser est : quand la prétention de la mode est-elle devenue plus importante que son influence sur une génération ? Pourquoi avons-nous décidé que l’opinion d’une personne compte plus que celle d’une autre ? De tous les créateurs légendaires avec qui j’ai été bénie de travailler, la plus grande découverte a été leur gentillesse et leur absence de prétention. Ils ne s’occupent pas de la hiérarchie ou de la position. Ils sont si bons, et si précis, que tout ce qui compte pour eux lorsqu’ils épinglent leurs vêtements parfaitement customisés à mon corps est la manière dont je me sens. Peut être que la prétention a sa place dans le formol. Et la hiérarchie est embaumée – pour que nous nous souvenions tous de manière nostalgique et honorions le fait que c’était autrefois moderne, mais que c’est désormais hors sujet. Peanut.

 

Traduction par Christelle

Traduction soumise aux droits d’auteur. Toute reproduction totale ou partielle est formellement interdite sans autorisation préalable.

45 commentaires on “Nouvelle chronique pour V Magazine”

  1. Tout d’abord merci christelle parce que la il y a beaucoup de bouleau ! Et puis ce texte est vachement profond elle se pose des questions qui m’on pour la plupart jamais traversée l’esprit et c’est interressant quand même lol

  2. J’adore cette chronique ! j’espère qu’elle va en faire beaucoup d’autres car c’est vraiment passionnant de voir son avis sur une cause, qui est pour cette chronique, la critique. :)
    Je vais allé voir tout de suite le site de Tavi Gevinson, j’ai vraiment envie de découvrir qu’est-ce que Gaga trouve de prodigieux et bien écrit! :p

  3. Ah ! j’oubliais une chose très importante. Merci beaucoup Christelle pour cette magnifique traduction et pour toute les autres, elles sont toutes plus belles les unes que les autres! <3 :)

  4. Nom de Dieu…… Je suis….. Sans voix…. Elle a fait Harvard? Non sérieux… Quelle intelligence!! :o Surprenant. En tout cas Chapeau, casquette, « chapeau melon et bottes de cuirs » à GaGa! :o

    1. Gaga peut faire Harvard si elle veut. Mais elle préfère de faire la magique avec NOUS.
      Elle fait cette voix pour les jeunes designers qui sont opprimés par la critique de vielle école. Mother monster a fait son job – faire la voix pour sa génération. Il faut avoir quelqu’un comme Gaga en France.

      1. Je suis totalement d’accord avec toi. Notre pays se porterait mieux si nous avions quelqu’un comme GaGa parmi nos politiciens. Sa vision est contemporaine ; elle vit avec son temps, et voit même plus loin.

        J’adore lire ses chroniques, parce qu’elle se triture l’esprit sur des sujets qui, à priori, pourraient paraître inutiles, mais elle pousse sa réflexion si loin que ça en devient passionnant !

        Pas besoin d’avoir fait Harvard. Il suffit simplement d’être passionné et, surtout, de réfléchir, de se remettre en questions, d’être curieux, de se poser des questions sur le monde. Lire beaucoup, aussi.

  5. C’est vraiment très poussé et tellement vrai. Une critique sur les critiques. Il n’y a que Gaga pour avoir une idée pareille. Je suis tout a fait d’accord. Peu d’artiste aurait pu formuler un texte aussi riche que celui-ci.

  6. J’adore ses éditoriaux !
    C’est toujours un véritable tourbillon de finesse d’esprit, un incroyable feu d’artifice intellectuel !
    J’aime les lire et les relire (un plaisir que l’on doit à Xtelle, la formidable traductrice de GGV).
    Sa réflexion sur les critiques est d’une justesse et d’une profondeur rare, surtout lorsqu’elle évoque toutes ces nouvelles critiques qui émanent du web où chacun s’improvise critique d’un jour pour les créateurs, sans avoir la compétence ou la crédibilité pour les juger !!
    Cela prouve au moins une chose : c’est qu’elle lit les critiques sur les sites internet et qu’elle y est sensible lorsqu’elle écrit :« Une star, j’ai détesté, pire show de la saison. ».
    Qu’elle légitimé ont-ils ces petits Messieurs qui s’érigent en donneurs de leçons !
    Chacun a le droit d’exprimer son opinion, mais critiquer le travail d’un ou des artistes sans en avoir la compétence ou la crédibilité, il y a des limites que certains devraient s’abstenir de franchir !
    Lorsqu’elle évoque les critiques de mode, pense-t-elle à Anna Wintour dont je crois savoir qu’elle ne la porte pas dans son cœur ?
    Qu’elle contraste entre la modestie des créateurs sans prétention qu’elle a eu la chance de rencontrer et l’arrogance de ces gens là !
    Gaga fait partie de ces créateurs qui ne critiquent jamais le travail des autres.
    Elle avance avec courage et détermination dans un monde de l’art, où elle repousse chaque jour un peu plus les frontières…

  7. Tout d’abord, merci Christelle, car quand on voit le niveau de l’article, c’est du boulot je présume :)

    Gaga me surprendra toujours, ceux qui ne l’a cantonne qu’à un role de reine de la provoc’ devraient jeter un coup d’oeil à ses articles. C’est prodigieux, réfléchi, elle ne se permet pas de commenter des choses mais réfléchit en profondeur, ça fait plaisir de lire des articles travaillés comme ça, d’ailleurs je vais essayer de lire la version originale, pour perfectionner mon anglais ^^

  8. Ce qu’elle dit dans sa chronique est tout a fait juste, et on sent bien qu’au debut elle parle un peu d’elle et des critiques que les gens font qui ne sont pas forcement toujours reflechi.

    1. Pourquoi ? Il y à un moment où il faut se faire tirer par le haut : même si tout n’est pas simple à comprendre, parce qu’on est jeunes, ça nous forge l’esprit.

  9. enfin quand je dit que c’est interessant quand même sa veut pas dire que les questions qui me traverse pas l’esprit sont pas interressante mais je veux dire que ses questions sont très pousser et que cela rend le texte interessant ( j’écris sa pour éviter les quiproquo j’avais mal formulée ma phrase désolé)

  10. Là je dois dire qu’elle m’impressionne! Sérieux ça pourrait être un sujet philosophique au bac, ses arguments sont trop forts. Bravo, je pense que les critiques de BTW l’ont laaaargement inspirée :p ! Mais franchement je suis d’accord avec elle.

    1. Je suis d’accord pour la philo, je suis en plein dedans là xD ça me fait penser au débat philosophique sur le jugement et l’art , et la perception subjective qu’ont les individus avant meme de connaitre le fait qu’ils auront à critiquer ^^ ok je me tais xD

  11. Lady Gaga est très polyvalante ! Bon bah je vais dire au revoir a vous tous little monsters ! :) demain c la rentrée, et donc pas d’ordi pour un bon moment :( Bisoux a tous ! j’ai passé un été merveilleux avec vous et merci a toute l’équipe ! bye :’)

  12. Euh… Il y a BEAUCOUP de mots que je ne comprend pas xD (La honte)
    J’ai juste compris qu’en gros elle se demande pourquoi des gens en critiques d’autre.
    C’est bien sa ?

    En tout cas merci bcp Xtelle pour la traduction <3

    1. Non elle se demande surtout si les critiques ont une légitimité pour juger quelqu’un d’autre, elle se demande si les critiques exprimant toujours un regard négatif sont véritablement des critiques, elle parle de la banalisation des critiques car des gens de moins en moins compétents se permettent de juger l’art. Et elle se dit que les critiques négatves sont devenues tellement banales venant de certains critiques que l’on peut se demander si celles-ci ont encore de la valeur et de l’impact. C’est ce que j’ai compris :)

  13. Comme indiqué sur l’article, je demande. Je pourrais prendre la traduction pour mon blog (en citant la source bien sûr :P)

    Sinon merci encore a Christelle pour le boulot qu’elle fournit surtout que l’esprit de MIss Gaga est n’est ,honnêtement, pas commun.

    1. Bonjour, tu peux faire un lien vers cet article sur ton blog, en indiquant « traduction par Christelle, source Gagavision » ou un truc dans le genre ;) Merci d’avoir demandé, j’apprécie :)

  14. Tt d’abord merci a Christelle!! Vraiment impressionnant tte ces traductions et du grand boulot!!
    Ensuite est ce que je peux faire ma boulet… et demander si quelqu’un aurai le lien de la traduction du premier article de GaGa?
    Et question sûrement poser dans les précédents articles (désolé par avance) est ce qu’on peux avoir les magazines V papier avec les articles de GaGa?
    Merci pour tout :)
    X

  15. J’aime toujours les chroniques qu’elle fait! Merci Gaga, et un surtout un grand merci à Christelle pour toutes ces traductions, que ferions-nous sans toi? (;

  16. Mais après avoir relu (enfin survolé des yeux), la chronique, on peut voir que ses arguments sont discutables, Gaga se contredit lorsqu’elle parle de hiérarchie alors qu’elle s’auto-proclame « reine de Twitter ». Mais je suis vraiment d’accord avec elle pour la grande partie. J’aime quand elle montre à quel point c’est une femme intelligente.

  17. Putin Gaga comment elle parle ! Je ne comprend quasi rien a ce qu’elle dit, a croire qu’elle est encore plus intelligente qu’Einstein, mais c’est vraiment bizzare qu’une chanteuse parle comme ca, enfin voila soit c’est la traduction qui est traduite en phrase intelligente soit elle parle vraiment comme ca mais si elle parle comme ca waouw quoi !

  18. Cette chronique est faite pour Nolleau et Zemmour, c’est si facile de critiquer…

    Merci beaucoup Christelle pour ce beau travail de traduction ! :)

  19. merci beaucoup Christelle.

    Que dire, a par qu’elle est incroyable ok c’est assez dure a lire mais je suis toute à fait d’accord avec ce qu’elle dit. ils peuvent en prendre de la graine.

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