‘Hotel’, saison faite de 13 épisodes de 40 minutes (sauf quelques exceptions) se passe à notre époque, dans l’Hôtel Cortez. Les producteurs et le cast décrivent « Hotel » comme un mix de violence, sexe, drogue et sang dans un décor fantômesque et sombre.
Le lieu choisi étant un Hôtel, des similarités ont été notées avec la saison 1 (Murder House) dans le sens où un lieu, qu’il soit une maison ou un hôtel, devient si omniprésent et oppressant qu’il en devient un vrai personnage flottant au-dessus des autres, un lieu presque doté d’une âme et d’une conscience. Par ailleurs, les deux saisons se rejoignent si bien qu’un épisode de « Hotel » se déroule dans cette fameuse « Murder House ».
De la même façon, la saison 5 rejoint la première sur le type de peur qu’elle exploite : le passé d’une pièce, l’insécurité dans sa propre maison / chambre ou dans son propre lit… L’hôtel est selon Ryan Murphy un lieu réellement propice aux angoisses et aux phobies nocturnes, puisque le client n’est pas chez lui et n’a aucun contrôle : d’autres personnes ont les clés de la chambre et peuvent y entrer ou sortir, de nombreux autres clients y ont séjourné avant lui sans qu’il ne sache ce qu’ils y ont fait…
L’histoire se déroule à notre époque, dans l’hôtel Cortez de Los Angeles. John Lowe, un détective, enquête sur une série de meurtres dans la ville, commis par un assassin se faisant appeler le « Tueur Aux Dix Commandements ». Son enquête le mène à l’Hôtel, où il entraîne malgré lui sa famille avec lui : sa femme Alex, et sa fille Scarlett. Un hôtel qui bouleversera leur vie de la façon la plus obscure…
L’Hôtel Cortez a été construit dans les années 30 par James March, un serial killer psychotique, sous forme d’une sorte de labyrinthe visant à cacher les dépouilles de ses victimes. (C’est d’ailleurs dans son ancien « bureau », chambre 64, que John Lowe s’installe.) De nos jours, cependant, ce n’est autre que la Comtesse Elizabeth qui possède le somptueux Hôtel (mais pour combien de temps ?…)
La Comtesse, personnage très glamour, richissime et ayant le goût du luxe, de la mode et des fêtes, est atteinte d’un virus ancien la poussant à se nourrir de sang humain ; pour cela, c’est avec son gant tranchant qu’elle attaque ses victimes. Elizabeth a également plusieurs fils, des petits garçons qu’elle a kidnappés et qu’elle nourrit aussi de sang. Ne repoussant jamais un peu de compagnie, la Comtesse, toujours à la recherche d’occupations, entretient une liaison depuis une vingtaine d’années avec Donovan, un jeune homme qui souhaiterait être le seul à ses côtés. Leur relation prend donc une autre tournure lorsque Tristan Duffy, un top model en devenir et à la recherche de sensations fortes, arrive à l’hôtel et charme la Comtesse. S’en suit alors un triangle amoureux violent entre Elizabeth et ses deux amants.
Donovan entretient également une relation compliquée avec sa mère, Iris, la gérante de l’hôtel. En effet, cette dernière est une maman étouffante, qui a trouvé ce travail à l’hôtel simplement pour avoir un oeil sur son fils et passer du temps avec lui.
Au sein de l’Hôtel gravitent ainsi plusieurs personnages qui entrent en collision : Ramona Royale, une actrice et l’ex d’Elizabeth revenant pour se venger, Hypodermic Sally, une toxicomane vivant à l’hôtel, Liz Taylor, le barman de l’hôtel travesti en femme, Will Drake, une icône de la mode essayant de se refaire un nom et qui vient racheter l’hôtel, Hazel Evers, l’employée très fidèle de Mr March… Tout ceci en compagnie d’un Tueur aux Dix Commandements et d’un Démon de l’Addiction, dans un hôtel qui cache encore beaucoup de secrets…
Si toutes les saison d’American Horror Story reposent sur des faits réels et horrifiants et mettent également en scène des personnalités ayant réellement existé, cette saison 5 en est un parfait exemple.
Il est tout d’abord important de connaître l’histoire principale ayant inspiré le thème même de la saison. Il s’agit de l’histoire d’Elisa Lam, une jeune fille dont la mort soulève beaucoup de questions.
L’histoire d’Elisa Lam
Nous sommes en 2013, à l’Hotel Cecil de Los Angeles. Les clients de l’hôtel commencent à se plaindre à la direction de l’hôtel : l’eau semble avoir un arrière-goût désagréable, et a une couleur étrange. L’agent d’entretien, à la recherche de la source du problème, se rend alors sur le toit de l’hôtel pour y contrôler la citerne servant de source d’eau à l’établissement. Ce qu’il y découvre fait froid dans le dos : le corps nu et inanimé d’Elisa Lam, jeune fille canadienne de 21 ans, qui baignait dans cette eau depuis deux semaines.
Les découvertes ne s’arrêtent pas là. Deux semaines plus tôt, Elisa Lam était bien vivante et au sein de l’hôtel, comme le témoignent les caméras de surveillance. Cependant la vidéo soulève des mystères sans précédent…
C’est une jeune fille agitée et visiblement en détresse que l’on y découvre. Elisa appuie sur le bouton de l’ascenseur, mais celui-ci ne répond pas. Elle regarde aux alentours, commence à s’agiter, et semble communiquer avec quelqu’un ou quelque chose, ou se cacher d’une quelconque personne. Les images des caméras de surveillance des couloirs, pourtant, confirment bien que la jeune fille était seule.
Alors que certains mettaient cet étrange comportement sur le compte d’une prise de drogues ou d’alcool, l’autopsie révèle qu’Elisa Lam n’avait aucune substance de ce genre dans le sang. Cependant, d’autres clament qu’Elisa souffrait d’une maladie mentale, et se trouvait donc en plein épisode psychotique au moment de la vidéo. Cela laisse tout de même en suspens plusieurs questions : Comment aurait-elle accédé au toit de l’hôtel en passant les portes dotées de systèmes de sécurité et d’alarmes ? Aurait-elle pu escalader les 4 mètres de citerne avant de se noyer dedans ? Le mystère reste complet à ce jour.
Cette histoire, en plus d’avoir inspiré le thème même d’« Hotel », se retrouve aussi, bien sûr, au sein même de la saison. Une référence à cette histoire est clairement faite dans l’épisode #6, lorsque Donovan raconte à Vendela et Agnetha l’histoire de Cara, venue se suicider dans une baignoire au Cortez, et dont le corps resta à baigner et se décomposer dans l’eau pendant des mois. Donovan conseille les filles de ne jamais boire l’eau de cet étage, puisqu’elle a « le goût de Cara ».
Le vrai Hôtel Cecil est surtout reconnu pour cette effroyable histoire, mais a également abrité de nombreux serial killers et a été le foyer de plusieurs drames au cours des années. Une caractéristique qui rappelle sans équivoque notre Hôtel Cortez !
Mais la dose de réalité dans « American Horror Story: Hotel » ne s’arrête pas là, puisque plusieurs personnages de la saison se trouvent être, soit des inspirations, soit des représentations de vraies personnes qui ont marqué le monde par leurs actions glaçantes.
Comtesse Elizabeth // Elizabeth Bathory
Nous pouvons ainsi commencer par la Comtesse Elizabeth elle-même, interprétée par Gaga. Son personnage n’est pas une représentation réelle, mais une inspiration d’une autre Comtesse, Hongroise, qui a marqué son temps : la Comtesse Elizabeth Bathory. Aussi appelée la « Comtesse Sanglante », Elizabeth a été accusée de meurtres et de tortures sur des filles et des jeunes femmes qu’elle attirait en leur proposant un travail dans son château. Bien qu’aucune preuve n’ait été retrouvée, plus de 300 témoignages la rendent coupable de la mort d’au moins 100 femmes. Parmi ses pratiques ont été évoquées des brûlures et autres mutilations des mains, visages ou parties génitales de ses victimes, des morsures, des expositions au froid entraînant la mort, ou encore des mises à mort par dénutrition. Bien qu’aucun témoignage ou aucune preuve n’appuie cette théorie, la légende urbaine dit qu’Elizabeth se baignait dans le sang de ses victimes, pensant ainsi garder sa jeunesse.
Bien que les deux personnages soient assez différents, leurs caractères sanglants et leur rapport avec la jeunesse se rejoignent pourtant grandement.
Mais l’hôtel abrite également plusieurs personnages non pas inspirés de, mais représentant réellement des tueurs en série ayant défrayé la chronique à un moment ou un autre de l’Histoire. C’est dans l’épisode #4, spécial Halloween et intitulé Devil’s Night que plusieurs de ces serial killers partagent un dîner avec John Lowe : Aileen Wuornos, John Wayne Gacy, Jeffrey Dahmer, Richard Ramirez et le Tueur du Zodiaque.
Aileen Wuornos
Aileen Wuornos, jouée par Lily Rabe, était une tueuse en série américaine, aussi appelée « La Demoiselle de la Mort ». Accusant des hommes de l’avoir violée ou d’avoir tenté de le faire alors qu’elle exerçait son métier de prostituée, Aileen les a alors tués par balles. Sept de ses victimes ont été identifiées. Aileen Wuornos sera finalement exécutée par injection létale en Floride en 2002.
John Wayne Gacy
John Wayne Gacy, joué par John Lynch, est l’un des tueurs en séries américains les plus connus. Surnommé le « Clown Tueur », John Gacy avait l’habitude de se déguiser en clown pour amuser les enfants dans les hôpitaux ; ce clown, qu’il appelait « Pogo », avait déjà inspiré la saison 4 d’AHS « Freakshow », avec le personnage de Twisty le Clown. Issu d’une enfance difficile, John devint concierge dans un salon funéraire, où il y découvrit sa fascination pour les cadavres ; il sera renvoyé pour acte de nécrophilie. Après de multiples viols et autres agressions, John est arrêté par la police, pour qui les disparitions de multiples jeunes hommes travaillant pour lui deviennent suspectes. 33 cadavres de ses victimes sont alors retrouvés : 26 corps ligotés et avec un tissu dans la bouche enterrés dans le vide sanitaire sous sa demeure, 3 corps enterrés dans sa propriété, et 4 autres repêchés dans une rivière près de chez lui. Son mode opératoire était de menotter ses victimes, avant de les violer et de les tuer. Une fois en prison, John Gacy commence à peindre, notamment des portraits de clowns, de Bambi, et des personnages de « Blanche Neige et les Sept Nains »; des peintures qui se vendront et se verront rapidement exposées dans des galeries d’art ; le personnage fait d’ailleurs remarquer que « Johnny Depp aime ses tableaux ». John Wayne Gacy se fait exécuter par injection létale en 1994.
Jeffrey Dahmer
Jeffrey Dahmer, interprété par Seth Gabel, est surnommé « le cannibale de Milwaukee ». Après une jeunesse passée à disséquer et s’amuser avec des cadavres d’animaux, ce tueur en série Américain a commis 17 meurtres sur de jeunes hommes, avec qui il avait en général des relations sexuelles (ou violait parfois en les droguant), avant de les assassiner. Laissant souvent les corps se décomposer dans son appartement ou bien gardant leurs squelettes en souvenir, Jeffrey les a aussi souvent démembrés ; la police a ainsi retrouvé des têtes et autres morceaux humains dans son réfrigérateur, un coeur dans son congélateur, des squelettes dans son placard et des crânes dans les tiroirs de sa cuisine, ou encore des torses masculins dans des tonneaux d’acide chlorydrique. Jeffrey Dahmer pensait également pouvoir faire de ses victimes des « zombies », des partenaires sexuels qui lui seraient soumis, en leur perçant le crâne à la perceuse électrique et en leur versant de l’acide chlorydrique ou en faisant bouillir de l’eau dans la partie frontale du lobe de leur cerveau, alors qu’ils étaient toujours en vie (ce que le personnage essaie de faire sur une victime lors du dîner). Condamné à perpétuité, Jeffrey Dahmer se fera finalement battre à mort par un autre prisonnier en 1994.
Richard Ramirez
Richard Ramirez, quant à lui, est interprété par Anthony Ruivivar. Surnommé le « Traqueur de la Nuit », Richard pénétrait dans les habitations de ses victimes, tuait les hommes par balle, puis frappait, violait et parfois tuait leurs femmes. Il a ainsi été coupable de la mort de 13 personnes, mais également 5 tentatives de meurtres et 11 viols. Ramirez était fan d’AC/DC, et a affirmé écouter la chanson « Night Prowler » dans sa voiture le soir, lorsqu’il était à la recherche de sa prochaine victime (cela attirera par ailleurs beaucoup d’ennuis au groupe). Richard s’auto-proclamait sataniste, et se prenait pour une sorte de démon impitoyable, qui avait le droit de décider de la vie et de la mort ; c’est avec des signes sataniques dessinés dans les paumes de ses mains qu’il s’est rendu à son procès. Richard Ramirez, condamné à la peine de mort, succombe finalement à un cancer en 2013.
Le Tueur du Zodiaque
Le Tueur du Zodiaque fait également une apparition pendant le dîner, mais reste masqué et silencieux. En effet, l’identité du Zodiaque reste à ce jour inconnue. Le tueur a revendiqué 37 meurtres, mais est soupçonné d’en avoir commis jusqu’à 200. Dans la plupart des cas, les victimes étaient des jeunes couples qui s’arrêtaient dans un endroit retiré à la tombée de la nuit, dans leur voiture. Le Zodiaque envoyait des lettres anonymes et des cryptogrammes à la presse, et les signait d’un symbole de mire de visée d’un fusil ; ce symbole a également été retrouvé sur la porte de voiture d’une de ses victimes. C’est pourquoi, dans AHS, ses amis expliquent le retard du Zodiaque par un « il écrivait encore des lettres… », et lui reprochent de ne s’être jamais fait attrapper, ou encore d’avoir choisi lui-même son surnom (contrairement à eux, qui se sont faits baptiser par la presse et les légendes).
Ces personnages de tueurs en série, qui partagent un dîner avec John Lowe dans l’épisode #4, ne partagent donc pas seulement leurs noms avec de vrais criminels, mais y ressemblent également physiquement, et ont la même histoire et les traits de caractère qui y correspondent ; ils les représentent véritablement. Par ailleurs, leurs histoires et crimes sont brièvement racontés par les personnages, et de nombreuses petites références à leurs histoires respectives sont faites. Il est également important de noter que Richard Ramirez est l’un des célèbres tueurs en série ayant séjourné à l’Hôtel Cecil, où a eu lieu l’histoire d’Elisa Lam.
C’est ensuite dans l’épisode #7 de ‘Hotel’ que la réalité rattrappe la fiction, avec l’arrivée de deux personnages très importants, qui, de la même façon, ont réellement existé : Rudolph Valentino et Natacha Rambova. Le grand réalisateur Murnau y fait également une apparition dans un flashback.
Rudolph Valentino et Natacha Rambova
Joué par Finn Wittrock dans ‘Hotel’, Rudolph Valentino était un acteur Italien naturalisé Américain, qui a eu beaucoup de succès dans les années 20. Bien que parlant 3 langues, c’est dans les films muets qu’il fera carrière, puisque les films parlants n’arriveront qu’après sa mort. Rudolph Valentino était surnommé « The Great Lover »; beau, jeune et ténébreux, il était l’image type du « tombeur ». Par ailleurs, il avait commencé sa carrière en tant que danseur avant de percer dans le cinéma ; un passé que l’on devine dans AHS, lors de sa scène de tango avec Elizabeth.
C’est en 1926 que Rudolph s’éteint, à seulement 31 ans et toujours au sommet de sa gloire, d’une septicémie suite à une opération chirurgicale. La folie « Valentino » ne s’arrête pas pour autant, son absence défraye la chronique et chamboule son public. De plus, après sa mort, une mystérieuse « Dame en Noir » vient chaque année, à l’anniversaire de sa mort, déposer des fleurs sur sa tombe ; son identité ne sera jamais révélée. L’épisode #7 d’AHS a bien entendu repris ce personnage de la « Dame en Noir », nouveau clin d’oeil à la réalité de l’histoire.
Rudolph Valentino avait épousé, en 1922, une danseuse, scénariste et costumière américaine : Natacha Rambova (jouée par Alexandra Daddario dans Hotel), dont le vrai nom était Winifred Shaughnessy (comme le précise l’amie d’Elizabeth dans AHS). Les deux amants ont eu une relation semée d’embuches, puisque Rudolph avait eu une première femme, et n’avait pas attendu l’année obligatoire après le divorce avant de se remarier à Natacha, au Mexique. Rudolph est donc arrêté puis libéré sous caution ; le couple doit se séparer avant de se remarier un an plus tard, en 1923. Ils travaillent énormément ensemble sur plusieurs projets artistiques, cependant les sociétés de production ne cessent de vouloir les séparer ; lorsque Rudolph signe une clause de contrat pour que sa femme n’intervienne plus dans ses films, cela entraîne peu à peu la séparation du couple, qui divorce finalement en 1926. Dans AHS, le couple divorce pour satisfaire les productions et la presse, mais ne se sépare pas ; c’est ce qu’explique Rudolph à Elizabeth.
F.W. Murnau
Friedrich Wilhelm Murnau n’est pas un personnage à proprement parler, mais est montré dans le flashback raconté par Rudolph. C’est en effet lui qui transforme Rudolph en vampire, lui offrant la jeunesse et la beauté éternelles ; il est donc le point de départ de la contamination du virus. Murnau est, bien entendu, un réel réalisateur Allemand ; c’est pourquoi Rudolph précise qu’il lui parlait en Italien mais avec un fort accent allemand. Murnau est connu pour être le maître du cinéma expressionniste Allemand ; son film le plus notable, Nosferatu le Vampire, est non seulement mentionné par Rudolph dans ce même flashback, mais est également diffusé lors de la séance cinéma dans le cimetière de l’épisode #1 !
