➤ À propos de l’impact de la mort de Joanne sur sa façon de vivre :

Je dis tout le temps aux gens de m’appeler Joanne car c’est comme ça que je me sens en ce moment : Je me dis okay, qu’est-ce que Joanne ferait si elle était là ? Elle ne serait pas sur son portable, elle ne serait pas distraite et ne manquerait pas ce qu’il se passe dans la pièce, elle serait vraiment investie dans tout ce qui l’entourerait, car elle n’a jamais pu vivre le reste de sa vie.

Moi-même je ne suis pas comme ça tout le temps : je me surprends à être souvent sur mon téléphone, à trop travailler ou être absorbée par mon ordinateur, être en studio trop longtemps, être concentrée sur le travail toute la journée alors que je pourrais me concentrer sur d’autres choses… Le but de Joanne et de mes « Joanne Vibes » dans ma vie est de dire : Tu sais quoi ? Je vais aller déjeuner avec ma soeur, rappeler mon père tout de suite, et ne pas annuler ce rendez-vous ou ce dîner que j’ai promis à quelqu’un, juste car je suis qui je suis et que « quelque chose de plus important » se serait présenté. Rien n’est « plus important » ; toutes ces choses sont à égalité.

➤ Concernant le Dive Bar Tour :

Je pense qu’avec tout ce qu’il se passe en ce moment dans l’industrie, les [producteurs, labels etc] ne sortent pas autant qu’avant dans les bars pour découvrir de nouveaux groupes ; et c’est dommage, ils le devraient, ils devraient aller voir les groupes dans les bars et soutenir les jeunes artistes. Ils devraient le faire car il y a des artistes qui, sur les scènes les plus petites, ont l’air de performer au Madison Square Garden. Et certains de ces artistes percent et se rendent compte qu’il n’y a plus de développement artistique personnel : tu as des danseurs, des accessoires, tout ça, et tu n’as plus besoin de travailler autant car toutes ces choses se déroulent. Mais juste car je joue dans un dive bar [Ndlt: un « boui-boui »], ce n’est pas pour autant que je vais arriver en tee-shirt, m’asseoir devant un piano et chanter ; on va faire ce que j’ai toujours fait dans des dive bars depuis que je suis devenue Lady Gaga, c’est à dire faire un show. Je veux que les gens voient que de grandes choses peuvent se dérouler dans de petits endroits.

➤ Gaga a dévoilé des paroles de Sinner’s Prayer :

Hear my Sinner’s Prayer,
I am what I am
I don’t wanna break the heart
Of any other man but you
Hear my Sinner’s Prayer,
It’s the only one I know
It sure as hell don’t rhyme
But it’s good as, good, as
Good as, good as gold

➤ Concernant les femmes :

[Les femmes] sont des superstars. Ce qu’elles traversent, ce qu’elles voient, comme elles ramassent ces hommes à la petite cuillère et les poussent à continuer… Ces hommes changent qui nous sommes. Cela a un impact si profond sur nous à jamais ; les femmes, lorsqu’elles ont une relation, en sont affectées toute leur vie. Que ce soit notre père, frère, mère, soeur… Je ne dis pas que ce n’est pas pareil pour les hommes, mais les femmes ressentent les émotions de façon plus extérieure. On cherche constamment à éviter les tornades… Je vois cette femme*, et elle vit dans la même tornade que moi. Ça a juste l’air différent [mais ça ne l’est pas].

* NdlT : Gaga parle ici de la femme qu’elle voyait constamment en écrivant l’album ; comme elle l’a expliqué dans un grand nombre d’interviews, elle avait en tête le portrait d’une femme « lambda » pour qui elle écrivait ces chansons, puis n’a compris que bien plus tard que cette femme représentait Gaga elle-même, sans la célébrité. // Relire/écouter l’interview d’Elvis Duran, où elle l’explique pour la première fois

➤ Sur la chanson « Million Reasons :

Million Reasons est une chanson qui parle de vouloir abandonner, mais ne pas le faire. […] J’étais avec Hillary Lindsey, on était chez moi, j’étais au piano et elle était assise derrière moi. Je lui disais : « Tu sais quoi, tous les hommes dans ma vie me donnent un million de raisons de me barrer. Et j’en ai besoin d’une seule pour rester dans les parages : une seule ! » Elle m’a dit : « C’est une chanson. » J’ai commencé à jouer et à chanter : « Je m’incline pour prier… » C’est ce que je fais : quand j’ai une journée difficile et que je souffre, je m’incline pour prier et essaie de rendre le pire meilleur. C’est aussi simple que ça. Mais comme tu le disais, il faut pouvoir prendre du recul, pouvoir comprendre qui on est, et bien se connaître ; ça, ça a pris du temps.

➤ À propos de la dimension personnelle de l’album, comparée à ses précédents :

Ce n’est pas forcément toujours thérapeutique ; c’est dur pour moi de chanter certaines chansons de cet album. Elles sont profondément personnelles, et je n’ai jamais vraiment fait ça avant. Mes albums ont été très personnels, mais pas de la même manière, et pas aussi souvent. Là, l’album entier me dévoile en tant que vraie personne. Sur mes albums précédents, je dévoilais une partie de moi : sur Born This Way c’était le côté qui a été intimidé au lycée, sur The Fame le côté de moi qui n’était pas encore célèbre et qui vénérait toutes les qualités requises pour l’être, et c’était tellement plus « plastique » que ce à quoi je m’attendais. Le travail et tout le reste était derrière la célébrité, mais le concept de cet album était qu’à l’époque, devenir célèbre c’était devenir absurde. […] Tu peux te perdre dans ce processus si tu n’as pas conscience de cette absurdité ; moi j’en suis consciente, c’est ma forme d’art !

➤ Lorsque le journaliste lui demande si elle est inquiète lors de ses déplacements (notamment pour le Dive Bar Tour ou la promotion) pour tout ce qui concerne la sécurité, étant donné le climat actuel, Gaga lui répond :

Tu sais quoi, je suis dans le même bateau que tout le monde dans ce pays, tenons nous tous la main et faisons-le ensemble. Il n’y a aucune raison d’avoir peur, c’est juste la vie. Et il y a beaucoup de pays dans le monde où c’est bien pire au quotidien, regarde Alep en Syrie, c’est incroyable… Donc oui d’accord, ce n’est peut-être pas le meilleur moment, mais n’oublions pas d’être reconnaissants pendant les périodes difficiles. Tu sais quoi ? Ce n’est pas génial, mais on est toujours là, alors à chaque moment où ça va, souriez.

Il faut aussi essayer de se sentir concerné [par l’art], c’est dur de ne pas être indifférent quand les choses vont mal. Tu te dis : Et alors ? Ce n’est que de l’art… Mais la musique, l’art, la télévision, les films, toutes ces choses illuminent le coeur des gens depuis toujours.

➤ Concernant les apparences et le talent :

Je veux que les gens soient inspirés par la notion que [Instagram, l’apparence], rien de tout ça n’a d’importance. Ce qui est important n’est pas combien de temps tu as mis à ajouter un filtre à cette photo, l’important c’est combien de temps tu as travaillé sur ce dans quoi tu es doué(e), et ce que tu vas offrir au monde, à ton frère, à ton voisin. C’est ça qui compte. […] Les jeunes aiment ajouter des filtres à leurs photos, et je ne dis pas qu’il ne faut pas le faire ! C’est super marrant, moi-même je le fais et continuerai à le faire, je dis juste que ce n’est pas tout ce qui compte […] Ton compte Instagram ne te décrochera pas un travail. Tu pourrais penser que si, mais en ce moment, il est trop difficile de faire la différence entre quelqu’un de talentueux et quelqu’un qui ne l’est pas. Si tu y postes ton travail, c’est une chose, mais si c’est juste pour les apparences, je ne sais pas… Ca peut paraître bizarre venant de moi, les gens vont se dire : « Mais qu’est-ce que tu racontes, tu parlais tout le temps de ton apparence ! » Mais j’ai toujours donné autant d’importance à ma musique qu’à ma performance. Les deux sont importants pour moi : l’écriture, le chant, la musique, autant que le show.

➤ Sur la réaction de son père quant à ses débuts dans les bars / clubs :

Au début il était excité pendant un petit moment, puis il m’a vue sur scène au « Knitting Factory » (un petit club), je portais un bikini léopard et mettais le feu à de la laque, en dansant sur « Boys Boys Boys » […] C’était vraiment un show, on a fait tout un truc, il y avait une machine à fumée… Mon père a pensé que j’avais perdu la tête ; ce que beaucoup de pères ont pensé quand mon premier album est sorti : Cette fille est folle ! Mais je ne suis pas folle, je suis juste créative. [Le moment où mon père l’a accepté] est un soir où j’avais une performance à « Sebastian », ou « Social », à New York – c’est un club gay dans lequel je n’avais pas encore joué. Je voulais montrer à mon manager de l’époque, et à ma maison de disque, ce que je faisais. Car en fait, une fois que tu as signé un contrat avec une maison de disque, ça ne veut pas dire qu’ils vont se concentrer sur toi, ou t’aider. Ca veut juste dire que tu as un contrat que tu dois remplir, et si tu ne le fais pas (c’est à dire s’ils n’aiment pas ce que tu fais), ils l’annulent, c’est tout. […] C’est en fait plus dur de sortir de la musique quand tu as une maison de disque, plutôt que seule. Enfin bref, j’essayais de donner envie au label, car ils aimaient mes chansons mais voulaient toujours les donner aux autres artistes, c’était tellement frustrant et insultant. Mais il faut essayer de penser comme eux : c’est un business, ils ont affaire à d’autres artistes qui n’écrivent pas leurs propres chansons. L’important ce sont les apparences et non l’art, donc ils entendent une chanson et disent : « Donne-la moi, j’en ai besoin pour ce gros truc sur lequel je travaille, ça va bien se vendre. » […] Mon père est venu au show à Social, je voulais en mettre plein la vue à la maison de disque alors j’ai créé un spectacle fabuleux sur cette scène minuscule, avec des boules disco, j’ai fait mes propres tenues en collant des petits miroirs sur des sous-vêtements American Apparel […] Ils ont vu le show, et toute la communauté gay du quartier était là. J’avais essayé de leur dire que j’avais des fans, et ils disaient : « Ouais, okay, c’est ça, tu as des fans, c’est bien. » J’ai commencé ma performance, et la pièce entière a chanté chaque parole de chacune de ces chansons pop underground. Je faisais un show pop, mais dans un petit bar, avec une audience qui me connaissait, qui m’aimait, et dont je faisais partie. C’était tellement génial, et mon père m’a dit : « Tu sais, on vient de me draguer ! Je ne savais pas comment j’allais réagir, mais c’était plutôt flatteur ! Et je comprends. Je comprends. Je viens de voir ça, c’était beau, c’était vraiment quelque chose. »

➤ Le journaliste lui demande si d’autres dates vont être ajoutées au Dive Bar Tour :

Je ne sais pas, je ne pense pas, j’ai d’autres choses… Il faut que j’aille dans d’autres pays, faire de la promo dans le monde, peut-être qu’on en fera là-bas… Mais je veux commencer à faire des performances à la télé, des choses comme ça.