J’avais 19 ans, je travaillais dans l’industrie. Un producteur m’a dit « enlève tes vêtements ». J’ai refusé, et je suis partie. Mais il m’a menacé de détruire toute ma musique, et il n’a pas arrêté de me demander. J’ai été pétrifiée, et je… Je ne me souviens même pas. (…)
Et je ne dirai pas son nom. Je comprends le mouvement ‘Me Too’, je comprends que certaines personnes se sentent à l’aise avec ça, mais moi je ne peux pas. Je ne veux jamais plus avoir à confronter cette personne. (…)

Des années plus tard je suis allée à l’hôpital, ils ont fait venir un psychiatre, et je leur ai répondu « Faites venir un vrai médecin ! Pourquoi c’est un psy qui est venu ? Je ne sens plus mon corps. » Je sentais une douleur vive, puis j’ai perdu toute sensation. Par la suite, j’ai été malade pendant des semaines et des semaines et des semaines… puis j’ai réalisé que cette douleur, c’était la même que celle que j’ai ressentie quand la personne qui m’a violée m’a déposée, enceinte, dans la rue pas loin de chez mes parents, parce que je vomissais et j’étais malade. Car on avait abusé de moi. J’ai été enfermée dans un studio pendant des mois. (…)

Je veux dire à tous ceux qui regardent, que je sèche mes larmes maintenant. Et j’avance… On peut revenir à la vie après ces choses. Mais quand ça te secoue très violemment, ça peut te changer. J’ai fait une grave dépression psychotique, et pendant plusieurs années, je n’ai plus été la même.(…)

À tous ceux qui sont chez eux en ce moment et qui souffrent, je veux vous dire qu’il est très important que vous soyez entouré.e.s d’au moins une personne qui vous comprenne… Quelqu’un qui vous croit, qui se soucie de vous et qui vous dit que votre douleur est importante. Et qu’elle est réelle.