Peter Robinson a rencontré Lady Gaga à Las Vegas, dans un studio d’enregistrement.
Il était là le jour où Ellen a téléphoné à Gaga durant l’enregistrement de son émission.
Elle était en studio avec Fernando Garibay et DJ White Shadow et ils travaillaient sur la version country de Born This Way.
Elle était habillée d’une mini-jupe, de bas et d’un soutien gorge en guise de haut. Elle portait aussi ses chaussures Noritaka Tatehana (celles avec une plateforme de 15 cm, sans talon à l’arrière).
Elle portait par dessus une veste en cuir noire qu’elle a trouvé dans une friperie punk à Tokyo.
Elle l’a customisée avec des chaines, ce qui fait beaucoup de bruits lorsqu’elle bouge et elle dit qu’elle a l’impression d’être une star grâce à ça.

 

Gaga avait déjà présenté l’album Born This Way à NME au printemps dernier : elle leur avait fait écouter des démos.
Ils ont pu écouter les améliorations avant Noël et écouter l’album fini pour l’interview.
Peter Robinson décrit l’expérience comme « surréaliste et électrifiante » : Gaga sautait partout, chantait en même temps qu’elle passait l’album.
Il dit qu’entendre l’album avec le son à fond est comme se faire percuter par un camion.
Government Hooker donne l’impression d’être dans un sex shop berlinois.
Bloody Mary est une ballade « sinistre » chanté du point de vue de Marie Madeleine.
Americano est une chanson plus fun, mais très politisée car elle parle de l’immigration.
Les morceaux sont aussi bons que Bad Romance sauf que cette fois, « les mots veulent dire quelque chose ».

 

Gaga admet qu’elle pensait être une tempête culturelle car dès qu’elle entrait dans une pièce les gens écrivaient des choses sur elle.
Mais ce n’est qu’avec la chanson Born This Way qu’elle a compris que les choses étaient un peu vide et qu’en fait elle n’avait qu’un petit impact et qu’elle pouvait avoir un impact beaucoup plus grand.

 

Concernant Judas, Gaga le décrit comme un « Bad Romance version 7 ».
Le journaliste dit qu’au moment où l’article paraitra Judas sera déjà sorti et qu’il sera probablement n°1 dans tous les stores iTunes du monde.
Pour la vidéo Gaga dit qu’il y aura des motos, la mort et que dans les secondes finales, il y aura une séquence forte où Gaga dira qu’elle a dépassé le stade la rédemption.
Gaga explique que les gens disent des tas de choses sur elle, qu’elle est trash ou prétentieuse et que Judas est une manière pour elle de dire qu’elle a franchi la ligne et qu’elle n’essaiera même pas de se repentir. Et qu’en fait elle ne devrait pas.
Elle dit ensuite que la chanson devrait être dévoilée le lendemain du Dimanche de Pâques.

 

Le journaliste se pose la question : cet album est-il la renaissance de Gaga ou est-ce un œuf vide emballé de manière criarde ?
Pour les critiques, Gaga n’est qu’une businesswoman quasi-messianique dont les fans ne sont qu’une source de revenus dont elle prend soin.

 

Ses détracteurs disent que si elle mettait une saucisse sur sa tête, certains y trouveraient une explication pseudo-intellectuelle, qu’elle se permet de défendre des causes qui n’ont jamais demandé son aide, qu’elle plagie Madonna, qu’elle a beaucoup de gueule et pas de pantalon etc…
Mais tout ça n’est qu’une explication facile… Les chances que Lady Gaga soit comme ça en vrai sont d’une chance sur un million

© Traduction par Gagavision.net

Monstre ou Escroquerie ?

 

Comme son nouveau single ‘Judas’ le prouve, Lady Gaga est indubitablement la plus grande star, la plus brave, la plus controversée du moment, mais est-elle aussi la visionnaire qui repousse les limites qu’elle prétend être ?
Peter Robinson s’est rendu à Las Vegas pour chercher quelques réponses et… la faire pleurer.

 

Lorsque vous arrivez en avion, Las Vegas sort de nulle part, au milieu du désert. Vous prenez un taxi pour vous rendre au cœur de la ville et la lueur enivrante des néons de Las Vegas Boulevard est transpercée par une immense réplique grotesque de la Tour Eiffel. Les rues sont bordées d’immenses rochers et de palmiers. Rapprochez-vous et sa personnalité change : les néons ne font que signaler les casinos où vous allez dépenser tout votre argent et le perdre à coups surs. La Tour Eiffel fait la moitié de la taille de la vraie ; les rochers sont en plastique. Plus vous vous rapprochez, plus vous regardez sous la surface, plus tout ceci est artificiel.
C’est là, à environ une demi-heure de route de Vegas, dans les studios Odds On Recording, que NME rencontre la plus grande popstar mondiale. Nous retrouvons Lady Gaga dans un studio vaguement éclairé derrière trois suites de portes, au bout d’un très long couloir dont les murs sont recouverts de disques d’or. Elle sirote un Coca Zéro avec une paille rose ; à quatre heures de l’après-midi, il est difficile de dire si la bouteille de Tequila Patron qui repose sur la table de mixage est une tentation ou un avertissement. Elle est habillée, comme on pouvait l’espérer, en Lady Gaga : mini-jupe, bas, un soutien-gorge en guise de haut. Elle porte une paire de Noritaka Tatehana, ces chaussures noires qui ressemblent à des escarpins à plateforme de 15 cm de haut, sans talon. Le temps que nous avons passé ensemble – jusqu’aux premières du lendemain – elle le passera en équilibre sur la pointe des pieds. Sa tenue est complétée par une veste en cuir noir qu’elle a déniché dans une friperie punk de Tokyo et qu’elle a customisé avec des chaines qui cliquettent et tintent à chaque fois qu’elle agite les bras. Et elle agite beaucoup les bras. NME note que c’est un vêtement peu pratique et bruyant lorsqu’on enregistre des vocaux. « Peut être que c’est ce qu’il y a de plus pratique » dit-elle « parce que ça me donne l’impression d’être une star ».

 

Demain, elle se produira devant 20.000 personnes au Vegas MGM Grand, mais aujourd’hui elle est avec les producteurs Fernando Garibay et DJ White Shadow pour enregistrer les vocaux d’une version country du single ‘Born This Way’, qui célèbre aujourd’hui sa sixième semaine à la place de Numéro 1 aux Etats-Unis. C’est fascinant de la voir travailler : chaque prise de son est parfaite, mais elle les rejette presque toutes. Soudain, on lui met un portable dans les mains et elle se retrouve au téléphone avec Ellen Degeneres, qui pré enregistre l’un de ses prochains talk-shows. Que veut Gaga pour son 25ème anniversaire, demande Ellen. « Je voudrais un jour de repos, mais ça n’arrivera probablement pas » répond Gaga. Plus tard dans la conversation, elle fait un demi-tour complet : « Je ne veux pas me reposer ! Je suis une bête en cage, je veux être libérée pour vous apporter toute cette musique ! »

 

Elle parle de son nouvel album, qui se nomme aussi ‘Born This Way’. Il est très attendu, et pas le moins par Gaga elle-même, qu’il fracasse les records établis par ses prédécesseurs ‘The Fame’ et ‘The Fame Monster’. Gaga avait joué à NME des démos pour la première fois au printemps dernier, autour d’un verre ou trois de vin en coulisses, puis juste avant Noël, avec des sons plus affinés et le verre accompagnant l’écoute s’était transformé en Jameson’s. NME fait l’expérience de l’écoute aujourd’hui en étant sobre, mais c’est aussi surréaliste et électrifiant qu’avant : Gaga saute sur ses pieds, bat la mesure dans l’air, chante à pleins poumons. L’effet d’entendre tout l’album en une fois, avec le volume à fond, donne l’impression d’être heurté par un camion. Il y a ‘Governement Hooker’, qui a des relents de sex clubs berlinois ; ‘Bloody Mary’ est une ballade sinistre, chantée à travers la perspective de Marie-Madeleine ; ‘Americano’ est plus amusante, mais c’est en réalité une chanson politisée sur l’immigration. La mort, la vie et les moments entre les deux sont tous là. Les chansons sont aussi bonnes que ‘Bad Romance’, mais cette fois les mots signifient quelque chose.

 

« Je pensais être LA tempête culturelle » admet-elle. « Je rentre dans une pièce, les gens écrivent sur moi. Ce n’est que lorsque j’ai sorti [la chanson] ‘Born This Way’ que j’ai réalisé à quel point tout ça était complètement vide. Je réalise maintenant que je n’avais qu’un petit impact, et que celui que je vais avoir est bien plus important. »
La prochaine étape est la sortie de ‘Judas’ que Gaga décrit comme un « Bad Romance Version 7 ». Au moment où vous lirez ceci, la chanson sera en vente et, si le succès de son prédécesseur est une indication, elle devrait déjà être Numéro 1 des ventes sur tous les magasins iTunes du monde. C’est une chanson audacieuse – la vidéo, dit-elle, inclura des motos, la mort et, dans les secondes finales, une séquence forte où Gaga parlera d’être « au-delà de la rédemption ».
« Les gens disent que je suis trash ou prétentieuse ou ceci ou cela, » explique-t-elle après avoir joué à fond la chanson deux fois à NME. « C’est ma manière de dire que j’ai déjà franchi la ligne. Je n’essaierai même pas de me repentir. Et je ne le devrais pas. »
Elle explique ensuite que la chanson sortira le lendemain du Dimanche de Pâques. Alors s’agit-il de la renaissance de Gaga, ou ce dernier album est-il un peu plus qu’un œuf vide enrubanné de couleurs criardes ? Pour ses détracteurs, Gaga est une businesswoman quasi-messianique dont les fans ne sont qu’une source de revenus bien entretenue. Les critiques disent qu’elle pourrait mettre une saucisse sur la tête et prétendre à une explication pseudo-intellectuelle derrière ça. Elle est la porte-parole autoproclamée de groupes qui ne lui ont jamais demandé d’ajouter son grain de sel. Elle est une plagiaire de Madonna. Que de la bouche et pas de pantalon, elle célèbre les exclus avec un corps de rêve. Ca n’a pas d’importance que son futur parfum soit à base de sang et de sperme : Gaga s’en fout.

 

A vrai dire, ce serait des explications faciles. Les chances que Lady Gaga soit comme ça sont d’un million sur une.

© Traduction par Gagavision.net

NME : Avez-vous fait des erreurs récemment ?
Gaga : Je ne sais pas, je suppose qu’on le découvrira [plus tard]. Qu’est-ce qui définit une erreur ?

 

Quelque chose que rétrospectivement, vous choisiriez de faire différemment.
La pire erreur que j’aurai pu faire aurait été de ne pas sortir ‘Born This Way’ comme premier single. Cette chanson met complètement au pied du mur : soit on aime, soit on n’aime pas… Montez dans ce putain de bateau ou sautez en route. J’ai conquis beaucoup de nouveaux fans.

 

Vraiment ? Qu’est-ce que les gens ont aimé dans cette chanson qu’ils n’ont pas aimé avant ?
Les jeunes ont adhéré. Ils aiment le message.

 

Les jeunes veulent-ils vraiment d’une musique avec un message ? Les trucs sans message dans le genre des chansons de Ke$ha se vendent très bien.
Les jeunes veulent un message, oui. Le message s’inscrit dans une production très en avance sur son temps… Donc c’est précurseur, il y a cette sorte de son hard techno électro rock, mais les mots sont tellement pop que ça parle à tout le monde. Mais immédiatement tout le monde crie au plagiat « Oh » disent-ils « ça ressemble à quelque chose d’autre ».

 

C’est vrai qu’un peu de la chanson sonne comme ‘Express Yourself’, non ?
Je ne pense pas… Je vous le jure. Je ne suis pas assez stupide pour sortir un disque et être si débile.

 

La référence semble tellement évidente que ça devait être intentionnel car, comme vous le dites, vous n’êtes pas stupide…
Non. Écoutez-moi. Putain mais… Je suis auteur-compositeur. J’ai écrit des tonnes de musique. Pourquoi est-ce j’essaierai de sortir une chanson en pensant arnaquer tout le monde. C’est débile. C’est vraiment ridicule de me questionner à ce sujet. Je vais vous regarder droit dans les yeux et vous dire que je ne suis pas assez idiote ou assez débile pour penser que vous êtes assez idiot ou débile pour ne pas voir que je n’ai pas volé de mélodie. Si vous mettez les chansons l’une à côté de l’autre, la seule similitude c’est la progression des accords. C’est la même qui est utilisée dans la musique disco depuis 50 ans. Juste parce que je suis la seule putain d’artiste en 25 ans à avoir pensé la mettre dans les radios du Top 40 ne signifie pas que je suis une plagiaire. Ca signifie que je suis putain d’intelligente. Désolée.

 

Les critiques ont, semble-t-il, coupé l’herbe sous le pied de la chanson.
Il y a beaucoup de gens qui veulent me voir échouer. A la minute où ils voient quelque chose sur quoi tirer, ils tirent. Et plus j’ai du succès, plus je deviens une grosse cible. Personne dans cette pièce à aucun moment n’a dit « Oh mon Dieu, c’est ‘Express Yourself’ ». Pas une fois. Ecoutez, je vous le jure. Je suis honnête avec vous à ce sujet.

 

Que vont penser les gens de ‘Judas’ ?
Je ne sais pas… Je pense qu’ils vont vraiment l’aimer. (Les larmes commencent à monter) Je ne veux pas que mes fans… Je ne sais pas. C’est fatiguant. Je ne veux pas que cette merde perdure. Je suis sure que vous voulez aborder ça mais c’est tellement ridicule. J’ai été en putain d’état de choc à cause de ça. C’est marrant de vous entendre dire ‘Ca ressemble à un hommage.’ Mais NON. Lorsque je rends un hommage, je le fais avec un putain de gros panneau disant que je le fais. Pourquoi est-ce que je ne ferai pas ça maintenant ? J’ai besoin d’un putain de verre là. (Soupirs) Je veux… je voudrais juste dire… (Elle commence à pleurer) Honnêtement je pense que Dieu m’a envoyé ces paroles et cette mélodie. Lorsque vous avez un message à donner au monde et que les gens commencent à le transpercer de flèches… il n’est pas possible que quelque chose d’aussi pur soit mauvais. (Elle attrape un briquet Marilyn Monroe) J’ai besoin d’une cigarette. »

 

Vers 20 heures, la version Country Road de ‘Born This Way’ est terminée et nous sortons pour prendre une photo qui accompagnera le titre lorsqu’elle le chargera sur YouTube à minuit. L’enregistrement a duré plus longtemps que prévu et il fait nuit noire. Gaga trouve un panneau ‘Stop’ et pose dans la lumière des phares de son 4×4 noir. Elle tend son BlackBerry à NME et nous demande de la prendre en photo. Elle nous dit de monter sur un rocher. « En plongée c’est plus flatteur » explique-t-elle, bien que le rocher ne soit pas nécessaire car même dans ses talons invisibles de 15 cm, elle est toujours plutôt miniature. Cela ne prend que cinq tentatives pour qu’elle ait l’air satisfaite de notre travail.

 

Nous sautons dans la voiture et nous dirigeons vers son hôtel. Dans les dernières heures, elle a décidé qu’à une heure du matin, elle serait sur la scène du Krave, un club de Vegas, pour performer ‘Born This Way’ avec des danseurs et un dragqueen. Alors que nous dévalons l’autoroute, NME sent que Gaga a retrouvé son calme suite aux pleurs de tout à l’heure et demande, avec le tact et la diplomatie qui le caractérise, ce qu’il se passerait si notre voiture faisait une embardée et nous tuait tous. Il y a une longue pause. « Si je mourrais dans les prochaines cinq secondes ? » Elle a l’air un peu contrariée.

 

Nous demandons ce qu’il y a dans son album que le monde ne découvrirait jamais sur Lady Gaga. Pause encore plus longue. « Je suppose que les gens diraient ‘Elle était audacieuse. Et elle était très courageuse. Elle n’avait pas peur de ce que les gens pensaient d’elle. Elle a toujours été elle même et elle a toujours créé la musique et dit les choses auxquelles elle croyait vraiment’. »

 

Gaga continue en parlant du fait que les gens refusent toujours de croire qu’elle écrit elle-même ses propres chansons. Des auteurs continuent à envoyer des chansons à son label, s’attendant à ce qu’elle veuille les enregistrer. « Si vous voulez que je sois fabriquée » déclare-t-elle, « vous pouvez aller vous faire foutre. »

 

Pour quelqu’un de si branchée, Gaga est assez naïve sur la manière dont elle est perçue. NME essaie de lui expliquer que les gens sont suspicieux à propos des chanteuses pop qui prétendent écrire leurs propres chansons car de telles revendications sont presque toujours des conneries. Ca ne semble pas entrer dans sa tête et il devient évident que Gaga ne se voit pas comme une simple chanteuse pop. Dans son esprit, elle existe à l’extérieur du monde de la pop. Listez ses qualités sur un papier et elle apparait plus Courtney que Britney, plus Janis que Cheryl. Lorsqu’on parle des ses influences, elle dit que l’un des morceaux de son album fait directement référence à une chanson de Kiss et, pour une autre appelée ‘Edge of Glory’, elle a fait appel au saxophoniste Clarence Clemons du E-Street Band pour avoir l’esprit de ‘Thunder Road’, la chanson qui garantie de la faire pleurer.

 

Lorsque nous arrivons dans sa suite du MGM Grand, nous lui demandons de nous recommander de la musique et elle choisit le bruyant groupe australien Airbourne car « je vous jure qu’ils sonnent comme AC/DC et leurs compositions sont tout aussi bonnes. »
« Je ne vais pas vous pondre ce que vous attendez » dit-elle. « Si vous cherchez que je sois autre chose que ce que je suis, ARRETEZ DE CHERCHER. Je ne suis pas ça. Je ne suis pas une création. »

 

L’attaché de presse de Gaga surprend notre conversation et ajoute que chaque jour, il est assailli de demandes des media. Il dit que tout le monde veut dévoiler au monde « la ‘vraie’ Lady Gaga. » L’hypothèse est que la Lady Gaga que nous voyons en public ne peut pas être tout ce qu’elle semble être. « Qu’est-ce que vous cherchez ? » demande Gaga, en agitant la main vers NME comme si nous étions les représentants de tous les média. La nourriture arrive : elle picore dans une assiette de vermicelles Shirataki (NDLT : marque de nouilles asiatiques) sans glucide avec une sauce au chou-fleur et aux champignons. Elle a aussi commandé une assiette pour NME et, franchement, ce n’est pas très sympa.

 

Les gens veulent une preuve que vous êtes une imposture, disons-nous, car si vous êtes une imposture, cela renforce les idées traditionnelles sur ce qui sépare une popstar artificielle en plastique d’une rockstar authentique. Après avoir passé cinq heures en compagnie de Gaga aujourd’hui, NME s’est laissé convaincre de dire exactement ce que Gaga veut entendre. C’est en partie parce que nous ne voulons pas la faire éclater en sanglots. Peut être que c’est pour cela que personne ne l’a préparée au revers de ‘Born This Way’.

 

Mais cela tient debout : si vous aimez mettre les artistes dans des cases, Gaga doit être profondément troublée. « C’est EXACT ! » rugit-elle. « On veut que j’admette quelque chose qui n’est pas vrai, un putain d’artifice. Mon Dieu que ce serait épuisant ! Laissez-moi vous dire quelque chose. Si vous déchirez mon noeud et ma perruque de ma putain de tête, mes chaussures, mon soutien-gorge, tout ce que je porte, et que vous me foutez derrière un piano avec un micro, je vais vous faire putain de pleurer. »

 

« Personne ne sait à quel point j’ai du être courageuse pour être moi-même avec ces putains de média. Toutes ces interviews. Toutes ces questions. J’aurai très bien pu me lever un jour et faire ma musique en tshirt et en jeans, mais je n’ai jamais fait ça une seule fois. Je me retrouve à crier inlassablement ‘Je ne raconte pas de conneries. Et vous ?’ »

 

Si elle est si engagée envers son art, demande NME, alors pourquoi est-ce que les cornes qu’elle porte pour la promotion de ‘Born This Way’ ne sont-elles pas de véritables implants ? « Je me suis renseignée pour les avoir en permanence » confit-elle, « mais j’ai renoncé ». Elle rigole. « Principalement à cause de mon petit ami, si vous voulez savoir la vérité. »

 

En pensant aux autres hommages qu’elle dit indiquer si clairement – comme l’éclair Ziggyesque sur son visage lorsqu’elle a débuté en 2008 – NME se demande si Gaga a entendu parler de Orlan, l’artiste française dont les modifications faciales permanentes ont été implantées chirurgicalement et qui sont assez similaires au look de Gaga pour ‘Born This Way’.

 

« Qui est Orlan ? » se demande Gaga, en attrapant son MacBook. « Est-ce que les gens croient que je me suis inspirée d’elle ? »
Après le fiasco précédent, NME décide de laisser parler Google. Gaga clique sur le bouton de recherche. « Oh mon Dieu ! (Elle a le souffle coupé) Qu’est-ce que c’est ? C’est plutôt joli. C’est étrange ! (Elle réfléchit) Eh bien, je vais être inspirée par elle maintenant, merci. »

© Traduction par Gagavision.net

Si Gaga avait été influencée par Orlan, comme certains le prétendent, c’est une magnifique performance mais, comme Gaga le dit plus tard, sa vie entière est une performance. Il y a beaucoup trop de couches de bluff et de double bluff à envisager, mais aux yeux de NME elle a l’air véritablement surprise – et fascinée – par l’existence d’Orlan.

 

Une chose est certaine : NME n’a jamais rencontré une personnalité de la pop comme Gaga. En termes d’ambition et de succès, elle met les choses à un autre niveau. Son obsession est presque psychotique et elle avoue avoir du mal à décrocher. Après un désaccord sur l’imagerie de « The Fame Monster », son label, dit-elle, ne lui dit plus quoi faire (« enfin, plus maintenant ») et elle n’écoute que l’avis de son manager Troy. « Par exemple, il me dira ‘Es-tu sûre de vouloir donner naissance à une nouvelle espèce dans ta prochaine vidéo ?’ et je dirai ‘Oui’. » Elle songe toujours à ajouter des chansons dans son nouvel album alors qu’il sort dans six semaines. Elle blague à moitié en disant qu’il ne sera fini que « lorsqu’on me l’arrachera des mains à ma mort. » Elle ne capte peut être pas tout (NDLT : référence à ce qu’on pense d’elle, un peu plus haut dans le texte), mais Gaga mène certainement sa barque.

 

Vous tenez à ce que les gens prennent votre travail au sérieux. Regrettez-vous les placements de produits dans vos vidéos ?
Non. Mais en fait les gens ont cru que certaines choses étaient du placement de produits dans la vidéo de ‘Telephone’ alors que ce n’était pas le cas. Ils étaient pour moi un commentaire Warholien sur le mercantilisme en Amérique, en relation avec la téléphonie, les communications et Internet, et le fait d’être inondés d’information.

 

Parfois on dirait que vous inventez les choses au fil de l’eau, ou que vous donnez un sens aux choses après qu’elles se soient produites en clamant que c’était le plan de départ.
Je vous le jure… Les canettes de Coca, le WonderBread, je pourrai nommer au moins cinq choses dans cette vidéo pour lesquelles je n’ai pas été payée. Mais je peux, avec le recul, voir… Comme Plentyoffish.com, je sais que le placement était trop excessif. Mais je ne regrette pas. Je n’avais pas d’argent, mais je ne le referai plus. Il n’y aura pas de placement de produits dans cet album, sauf si je réalise un film à 355 millions de dollars.

 

Ce matin, USA Today a fait une nécrologie pour Liz Taylor dont le titre était « La plus grand star au monde ». Est-ce que votre célébrité est la même qu’elle ?
Je n’ai aucune idée, objectivement, du genre d’attention que j’ai. J’aimerai que vous me l’expliquiez si possible.

 

Et bien, dans le sens le plus basique, vous voyez bien que des gens que vous n’avez jamais rencontré s’intéressent à vous ?
Comme à une fleur qui éclot ?

 

Beaucoup de gens voudraient qu’on la coupe.
Je pense qu’à cette époque, Internet, la presse et les paparazzi n’étaient pas au courant des disparitions de célébrités et maintenant ils le sont. J’ai fait une performance de ça aux VMAs. Je suis morte et je saignais devant tout le monde, car je pense que je supposais que si je mourrais sur scène et que je montrais à tout le monde de quoi ça avait l’air, alors ils ne chercheraient pas ça. Mais ils cherchent toujours.

 

Ca ne pouvait pas marcher, n’est-ce pas ?
Je pense qu’on a enquêté sans fin pour savoir qui je suis et j’ai été plutôt ouverte à ce sujet. Et pourtant personne ne semble en avoir la moindre idée.

 

Que pensez-vous des gens qui disent que vous êtes une icone ?
Je ne peux prouver à personne que je suis une légende après seulement deux albums. C’est ridicule. C’est très gentil mais je n’ai pas besoin qu’on dise de moi que je suis une icone pour le moment. Je suis heureuse de faire de la musique. Je suis plus intéressée par le fait d’établir un moment historique massif lorsque cet album va sortir. On me mesure à des gens qui sont dans le business depuis des décennies et on attend de moi la même importance culturelle et le même succès. Je dois garder ça à l’esprit, ne pas précipiter les choses et me vieillir en tant qu’artiste.

 

Alors, est-ce que les Petits Monstres qui demandent qu’on vous traite comme une icone font plus de mal à votre réputation que les critiques ne le font ?
Je n’analyse pas les choses aussi profondément. Vous ne pouvez pas vous précipiter vers un artiste ou le fuir. Il faut juste que je fasse de la musique géniale qui sera divertissante, mémorable et culturellement pertinente pour longtemps. Je dois juste avoir foi en moi.

 

Vous dites qu’il est ridicule que les gens disent que vous êtes une icone ou une légende, mais pensez-vous qu’il soit raisonnable de vouloir créer « un moment historique massif » ou d’être culturellement mémorable… Ce ne sont pas vraiment des buts modestes.
Je pense qu’un album est un instant dans le temps, alors qu’une icone est quelqu’un qui est là depuis des décennies… Lorsque vous parlez d’icone, vous faites référence à un catalogue musical entier. Mais, le fait que ‘Born This Way’ soit la chanson la plus vendue sur iTunes est le genre de choses qui signifie quelque chose pour moi.

 

A minuit, nous sommes à l’étage de la suite à deux niveaux de Gaga. Elle est plutôt grande, comme votre robe en viande moyenne est charnue. Dans le bureau, Gaga a l’air d’une caricature de la célébrité moderne et multi-tâches : elle est assise à son bureau avec son PC portable, elle choisit son costume pour la performance de ce soir dans un club (une paire de bas est rejetée – (« BRULEZ-LES !» – car une chanteuse anglaise les a portés dans un clip), elle complote la promo de ‘Judas’ (elle prévoit de se faire piercer le doigt à l’avance), elle coordonne le téléchargement sur YouTube de la chanson country de cet après-midi, et tweete le photoshoot impromptu de NME à neuf millions de gens. Pendant ce temps, deux membres de la Haus of Gaga assistent à sa coiffure et son maquillage.
NME demande si, comme beaucoup d’autres artistes, elle a peur de se réveiller un jour en n’ayant plus aucune idée – surtout qu’elle semble déjà avoir grillé pas mal de réinventions en moins de trois ans de carrière. Elle dit qu’elle n’a pas ce genre d’inquiétudes, mais elle nous dira plus tard qu’elle fait un cauchemar récurrent. « Le rêve se passe dans la maison où j’ai vécu jusqu’à mes six ans » raconte-t-elle. « Je dois trouver quelque chose ou compléter quelque chose avant qu’un monstre ne passe la porte. C’est bizarre de raconter ça maintenant car je n’ai jamais pensé à ça en référence à mon album [The Fame Monster]. Il faut que je finisse quelque chose ou le monstre viendra pour moi. »

 

Elle a fait ce rêve il y a des années, dit-elle, avant d’être Lady Gaga. Ce rêve signifie-t-il qu’elle a la peur panique d’avoir trop de choses à faire avant de mourir ? « Ce serait une analyse Freudienne merveilleuse de moi. Peut être que j’ai peur de ça. Je pense que ça a à voir avec ma créativité et les choses que j’ai à délivrer au monde…Je suis perpétuellement insatisfaite de ce que je crée. Même si je pourrais dire que ‘Edge of Glory’ est une oeuvre d’art pop, lorsqu’elle sera terminée il y aura des choses que j’appréhenderai et à chaque fois que je l’écouterai, je les entendrai. »

 

Cela doit être déprimant, remarquons-nous, de savoir qu’on travaille si dur pour ne jamais être satisfait au final. « Dans l’interview de John Lennon à Playboy, il parlait du fait qu’il haïssait certaines de ses chansons, car il n’aimait pas la manière dont elles se terminaient. Ce sont mes chansons préférées, mais Lennon ne pouvait pas les écouter. »

 

Est-ce un problème que vous soyez si investie (dans votre travail) ?
Oui c’est un gros problème.

 

Un peu plus tôt, vous avez dit à Ellen Degeneres que vous vouliez un jour de repos puis vous avez dit ‘Gaga ne prend pas de jour de repos’… Quelle est la vérité ?
Je suis un peu fatiguée. Et ma famille me manque. Mais mes fans sont ma famille.

 

Est-ce que vous prenez du repos ?
Aujourd’hui c’est un jour de repos.

 

Mais vous avez enregistré une chanson, fait cette interview, fait une interview téléphonique pour un show télé, fait une photo, maintenant vous planifiez une performance dans un club et performez à une heure du matin.
Eh bien oui. Je me tue au travail. J’ai juste tant d’idées… Parfois c’est mieux pour moi de continuer à travailler.

 

NME demande , comme pour toutes les personnes qui travaillent trop, si elle ne court pas le risque d’une fatigue nerveuse, ou pire. Elle ne répond pas. Peut être que cela s’est déjà produit ? « Je ne sais pas si cela arrive » dit-elle. « Si cela arrive ? (Rires nerveux) Je ne crois pas qu’on puisse sortir un single et juste le regarder. »

 

 

Sur ce, nous partons pour le Krave pour le show. NME souffre du décalage horaire, est un peu bourré et fatigué par ces huit heures d’entrevues avec Lady Gaga, mais elle ne montre aucun signe de fatigue. La performance surprise, qui déclenche une panique mineure dans le club, apparait sur YouTube à peine terminée. Les vidéos de fans montrent une Gaga dans son élément : détendue, mais concentrée. Elle chante tout en live.

 

Le show de Vegas la nuit suivante – l’un des derniers de sa tournée de 200 dates du Monster Ball – est plus particulier. Lorsque NME avait assisté aux shows de Manchester et Londres, la foule était formée d’une panoplie agréablement dérangée de Petits Monstres habillés pour un grand soir – robes en viande, globes rotatifs, la totale. Ici à Vegas, personne n’est déguisé et le public semble totalement hétérosexuel. Cet environnement pourrait être de la Kryptonite pour Gaga, particulièrement lorsqu’elle débite son discours sur la libération (personne dans ce public ne semble avoir besoin de validation) et sur le fait que cela importe peu que vous n’ayez pas d’argent (l’argent ne semble pas être un problème ici). Mais le show fonctionne tout de même. La performance est époustouflante, les morceaux – ces hits internationaux plusieurs fois disques de platines – le son de la pop à l’ère digitale trouvent leur rythme.

 

Contrairement à cette ville dans laquelle nous sommes sortis, plus vous vous rapprochez de Gaga, plus elle fait réellement sens. On vous l’accorde, parfois elle dit n’importe quoi de manière si persuasive qu’on ne le remarque pas, mais d’autres fois ses paroles semblent ridicules à la première écoute mais s’avèrent totalement rationnelles. Elle semble parfois tout contrôler, puis être perdue ; sa force de caractère est stupéfiante, tout comme la facilité avec laquelle une légère critique peut la faire dégringoler dans la morosité et l’introspection. Elle déteste qu’on la questionne sur son intégrité, mais accepte que ce soit un mal nécessaire. « A la minute où les gens arrêteront de me pointer du doigt, » admet-elle « ce sera la minute où je ne suis plus intéressante. » Elle a un esprit aiguisé pour le business, mais son dévouement envers ses fans semble bien réel. Peut être que la plus grande contradiction au sein de la Haus of Gaga, c’est qu’elle sera prise plus au sérieux lorsqu’elle même se prendra moins au sérieux.

 

Totalement déroulante mais tout aussi fascinante, Gaga continuera à gêner les critiques autant qu’elle inspire de la dévotion à ses fans, mais si la pop ou le rock – ou quelque soit le nom que vous donnez au bruit qu’elle fait – désigne donner un sens à ce que vous faites, le ressentir, le vivre, être préparé à mourir pour son art, alors elle est aussi réelle que possible.

 

« Si vous regardez chaque interview, chaque apparition à la télé, chaque performance de ma vie, elles sont dévouées à qui je suis », déclare-t-elle, « Dévouée à mon identité, dévouée à mon art. Et si ce n’est pas du putain d’art, je ne sais pas ce que c’est. Fin de la citation. »

© Traduction par Gagavision.net