Lady Gaga a accordé une interview à la journaliste Miranda Sawyer pour l’émission « The Culture Show » ! Elle sera diffusée sur la chaine britannique BBC Two ce mercredi à 23h00 (heure française).
Mise à jour du 12/11/2013 : Préalablement à la diffusion de l’émission, l’intervieweuse Miranda Sawyer a confié au journal The Guardian comment s’est passé son entrevue avec Lady Gaga. Retrouvez ci-dessous les détails de cette interview qui aurait pu ne pas avoir lieu…
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Un jour c’est oui, un jour c’est non… une interview avec la diva artpop Lady Gaga n’est jamais certaine. Mais enfin l’attente est finie. Ce mercredi, The Culture Show diffuse une émission spéciale d’une demi-heure, présentée par moi-même, sur le phénomène pop qu’est Lady Gaga. Cela est considéré comme un scoop. Malgré l’enthousiasme de Gaga à promouvoir son nouvel album, Artpop, elle est difficile à épingler : elle est demandée par tellement de médias, de Graham Norton à X Factor en passant par le Daily Mail. Quoi qu’il en soit, BBC2 est ravie. Et moi aussi, je crois. Je ne sais pas vraiment. C’était une expérience étrange. Avant notre rencontre, j’ai fait beaucoup de recherches sur Lady Gaga. J’ai regardé ses talk-shows, revu ses clips et sa musique, ses performances dans les soirées de récompenses. J’ai lu des articles de journaux sérieux, de magazines à scandales, étudié son activité Twitter. J’ai fait ça parce que ça fait partie du travail, mais aussi parce que notre interview n’arrêtait pas d’être annulée, parfois aussi tardivement que 20h la veille au soir. Il n’y avait pas grand-chose à faire de plus que de retourner à mes recherches. En voici le résultat, que vous n’ayez pas à chercher. Le premier single de Lady Gaga, Just Dance, est sorti en août 2008. Depuis elle a vendu plus de 23 millions d’albums et 64 millions de singles ; sa tournée Born This Way Ball a engrangé 382,3 millions de dollars ; elle a plus de 40 millions de followers sur Twitter. Pour Artpop, son troisième album (ses autres disques sont : The Fame et Born This Way, plus l’EP The Fame Monster entre deux), en plus de collaborer avec des gens comme R Kelly ou le rappeur TI, elle a travaillé avec trois différents artistes contemporains. Il y a l’artiste performeuse au visage sévère Marina Abramovic, vénérée pour ses présentations longues, émotionnelles / non émotionnelles, et pour avoir fait performer Picasso Baby à Jay Z durant six heures sans s’arrêter cet été. Puis il y a également le sérieux metteur en scène de théâtre Robert Wilson, qui était aux commandes des changements de tenues rapides de Lady Gaga pour sa performance aux VMAs et qui fait des clips descriptifs des célébrités appelées Voom Portraits. Et enfin – le plus bizarre selon moi – il y a Jeff Koons, connu pour ses grandes sculptures kitsch et son habilité sans pareil à faire de l’argent. (Une fois j’ai interviewé la pornstar italienne La Cicciolina, qui a été mariée à Koons quelques années – il faisait des sculptures d’eux faisant l’amour. Elle m’avait dit qu’il restait au lit toute la journée à regarder des vidéos, et que ses serviettes de bain étaient en mauvais état : « Je n’aime pas les serviettes avec de gros trous, » disait La Cicciolina, avec force.) Néanmoins, après beaucoup de va-et-vient, l’équipe de The Culture Show commença à être convaincue que l’interview n’aurait pas lieu, alors nous avons commencé à faire un programme différent, appelé Attendons Gaga. Nous avons trainé avec ses fans, les Petits Monstres, qui étaient réunis en foule dévouée autour de l’entrée du Langham hotel. Ils étaient jeunes (14 – 24 ans), articulés et avaient certaines règles (les plus hardcore ont été très contrariés lorsque d’autres fans sont entrés dans l’hôtel : « Elle a besoin d’espace ! » criaient-ils). On m’a dit que le « paws up » – le signe des Petits Monstres, deux mains attrapant l’air – était un peu ringard ces jours-ci. Et qu’ils préféraient trainer autour du Langham, presque plus que d’aller à ses shows. En l’observant (de très près, mais en réalité de loin) je pouvais voir pourquoi. Lorsque Gaga part ou arrive à l’hôtel, elle ne se précipite pas, tête baissée, avec ses lunettes de soleil, du monospace au hall, griffonnant aveuglément des autographes sur quoi que ce soit qui passe sous son nez. A la place, elle met en scène un petit show. Elle est dans son personnage, elle a un look qu’elle habite, comme une actrice. Ce look peut être mortel, ou sexy, ou – comme récemment à Berlin – elle peut porter une boite en plume triangulaire sur la tête. Parfois elle pose pour des « autoportraits ». Un autoportrait est le but ultime de chaque Petit Monstre. Nous étions plutôt heureux avec notre nouvel angle de vue sur les fans, lorsqu’on nous a donné l’information que nous avions définitivement un entretien avec Lady Gaga. Vendredi matin, juste avant qu’elle ne s’envole pour les Etats-Unis. J’ai demandé à écouter l’album ; on m’a dit que je pourrais l’écouter deux heures avant notre discussion. Après avoir écouté Artpop à fond dans un studio (il y avait au moins six chansons fantastiques ; la première partie est meilleure que la deuxième, et la balade Dope fait penser à Meatloaf), j’ai sauté dans un taxi pour aller à l’hôtel. Dans la salle d’interview, une salle de réunion enveloppée de tissu blanc pour couvrir la moquette, l’atmosphère était joyeuse, mais tendue. Cette interview aurait-elle finalement lieu ? Gaga a une équipe d’éclairages préférée – des électriciens britanniques à l’ancienne, qui parlent de football et de leurs petits enfants – et elle aime qu’on vérifie tout avant qu’elle arrive : la hauteur de la chaise, l’angle de la caméra, la température ambiante. Progressivement, la pièce s’est remplie de plus en plus de gens. Nous attentons. Comme c’est étrange d’être si célèbre et d’être comme un pistolet de départ : où que vous alliez, rien ne se passe tant que vous n’entrez pas et ne faites commencer la course. J’ai parlé à un homme de sa maison de disques. Il m’a dit qu’en ce moment, Gaga était dans le positif. L’ère Born This Way consistait à s’accepter soi-même come on est, et Artpop consiste à aider les fans à présenter leur créativité et leur énergie positive au monde. J’ai essayé de coller ça aux paroles de Dontella, sur Artpop : « Je suis blonde, je suis maigre, je suis riche et je suis un peu une pétasse. » Et puis, elle était là. Comme la plupart des célébrités, plus petite et plus belle qu’on ne l’imagine. Gaga s’est matérialisée aussi silencieusement qu’un fantôme, et habillée de manière similaire. Une robe blanc cassé, en soie brute, longue jusqu’au sol. Pas de chaussure. Les bras couverts de blanc crayeux ; visage lisse et pâle comme de la porcelaine ; sourcils blanchis afin de fusionner avec son visage. Lèvres bordeaux et cheveux noirs ondulés, les yeux tâchés et ombrés. Miss Havisham (personnage du roman de Charles Dickens, Les Grandes Espérances) rencontre Ava Gardner. Elle s’est assise. A contrôlé son image dans le moniteur. A demandé à quelqu’un de dégrafer sa robe dans le dos afin qu’elle puisse respirer, et nous avons commencé. J’ai posé une question bénigne pour commencer sur ce qu’elle ressentait d’être de retour, ayant été forcée de prendre du repos (elle a eu une opération de la hanche). Elle a répondu honnêtement, de manière intéressante – « Vous vous sentez comme un enfant… Je pense que c’était bien pour moi, parce que la scène était devenu un endroit auquel je commençais à me fier » – mais d’une voie monotone, plate et mortelle. Elle a travaillé avec Robert Wilson ces dernières 48 heures, a-t-elle dit, recréant certaines images d’art (La Mort de Marat, La Tête de Saint Jean Baptiste). Elle n’a pas dormi. J’ai continué. Elle m’a dit qu’elle s’éclate au lit, que ses premières expériences sexuelles « étaient plutôt perverties et effrayantes, terrifiantes ». Elle a appelé la pop musique une « éjaculation » et dit qu’elle ne savait même pas si sa musique est bonne. Elle a dit « Je ne me trouve pas si sexy en fait. » Je me suis demandé à quel point l’art pouvait vraiment être intégré à sa musique. Elle a dit que tout ce qu’elle a étudié sur l’art lui assurait que ça transpercerait. Du moins, je crois que c’est ce qu’elle a dit. Cette réponse a pris beaucoup de temps. Nous avons parlé durant 40 minutes, et en plein milieu, elle s’est complètement arrêtée, tenant la pose durant 30 secondes, ne disant absolument rien. La pièce, encore pleine de gens, s’est figée avec elle. Au final, c’était une rencontre, pas une interview. Elle a tout contrôlé, et son humeur – fatiguée, trop intellectuelle ; pleine d’art, plus que de pop – est ce qui a dominé. Malgré cela, je l’ai aimée. Elle était intelligente et réfléchie. Elle n’était juste pas du tout comme dans les interviews que j’avais recherchées : elle ne s’est pas épanchée, elle était sérieuse et calme. « Je dis peut être complètement de la merde, » a-t-elle dit. « Vos indices d’écoute vont baisser. » Lorsque nous avons fini, le réalisateur a demandé si nous pouvions nous serrer la main, pour clore les choses. « Faisons un câlin comme Marina, » a dit Gaga, et nous étions debout, moi la dominant en taille, dans une accolade étrange. Je pouvais sentir son souffle s’agiter dans son corps. Elle a serré la main de tout le monde (« C’est nouveau, » a remarqué le producteur de la lumière, à voix basse), a fait une photo avec moi, puis a dit à son équipe « Est-ce qu’on a un string ? » Pas de string. Alors elle a enlevé sa culotte pour ne pas ruiner la ligne de sa robe, s’est mise sous les lumières chaudes et lumineuses de la TV et nous a demandé à tous « Est-ce qu’on voit mon truc ? » Non. Tu es bien, Gaga. Pas de « truc ». Rien. Elle a souri. Et puis, elle est partie. Dématérialisée de la pièce pour poser à l’extérieur du Langham, marchant doucement sur ses pieds nus, comme si elle était en transe, comme si ses membres étaient lourds. Les fans ont crié ; les paparazzis pris des photos encore et encore. Si vous regardiez de près les photos dans les journaux le lendemain, vous pouviez voir que ses joues étaient striées de larmes. Traduction par Christelle |
Voici l’interview complète!
MAJ (15/11): Voici un résumé en français:
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– Pendant sa convalescence, Gaga était une bonne patiente car elle avait hâte de pouvoir revivifier son corps, mais elle se sentait aussi morte car elle n’était pas sur scène. Elle s’est servi de ce qu’elle fait à plein temps (le fait que pour elle, « la vie est de l’art en permanence ») pour supporter cette torture qu’elle a ressenti. Cela a été un mal pour un bien, car elle misait tout sur la scène et les fans, alors quand tout ceci a disparu, elle a dû trouver une autre connexion spirituelle, avec la musique et l’art. – Gaga parle de tous les « bruits » qu’elle a dans la tête et l’assourdissent, et explique que Marina lui a appris à être consciente de la présence de ces sons. – Lorsque Gaga parle de la sexualité ou l’expose, il y a toujours une intention derrière. Elle ne se trouve pas particulièrement sexy. Elle explique qu’au début de sa carrière, elle se déguisait beaucoup et se transformait en d’autres icônes pour expérimenter une certaine liberté sexuelle. Elle se sentait paralysée et voulait fuir. Ses premières expériences sexuelles étaient plutôt « ‘perverses’, effrayantes, terrifiantes… » mais maintenant, tout va très bien dans sa vie sexuelle. – Gaga parle beaucoup de sa collaboration avec Bob Wilson, la reconstitution de différents tableaux. C’était comme « respirer à travers le travail d’un autre artiste ». Avec ARTPOP, elle voulait justement mettre l’art en avant, et montrer que ce n’est pas une honte d’être une étudiante. L’éducation de tous tes professeurs, les connaissances que tu as acquises, tous les danseurs avec qui tu as dansé, tous les livres que tu as lus, toutes les musiques que tu as entendues… toute cette histoire doit se ressentir dans le travail final. – Elle parle de définir l’art et le ranger dans des catégories, des genres, des cases: « Je veux me libérer de tout ça, c’est épuisant pour tous les artistes de sentir la projection du monde sur ce qu’on devrait être. Je ne sais pas ce que je suis, je ne sais même pas si c’est bien, et je ne sais pas si c’est important. Ce qui est important, c’est que c’est là. Tu peux le sentir, l’être, le ressentir. C’est une force de la vie tout simplement. Et puis, il est encore très tôt dans ma carrière. Si on regarde les premiers travaux de beaucoup d’artistes, on peut voir qu’ils font des références et imitent les artistes qu’ils ont admiré grâce à leurs professeurs. C’est plus tard dans leur carrière que le travail génial commence à apparaître… Donc je ne sais pas si j’ai déjà fait quelque chose de génial, mais ce n’est pas vraiment le propos. Ce n’est pas vraiment à propos de moi. » Elle explique que si elle devait travailler sans être une étudiante, ce serait comme être dans l’espace, sans gravité, sans connaissances, sans oxygène, sans rien. Mais peut-être qu’elle apprendra comment faire ça plus tard dans sa carrière. – Gaga appelle Bob Wilson, Marina Abramovic et Jeff Koons sa « sainte Trinité »: Le théâtre, la discipline de la performance, et l’art commercial. C’est grâce à la combinaison de ces trois domaines (et ces trois artistes) que Gaga a été guidée dans sa vision du phénomène « ARTPOP », le popart qui a basculé. – Concernant sa relation avec ses fans, Gaga dit que cela s’explique par le fait qu’elle a choisi de recevoir leur amour, et c’est pourquoi cela est devenu si intime. Gaga en a besoin pour travailler, elle ne peut pas survivre sans ses fans: « Ils m’ont injecté cet amour qui m’aide à supporter chaque instant de ma vie » – Gaga dit qu’elle a peur de l’industrie musicale, et qu’elle la déteste. Lorsque la journaliste lui demande pourquoi, Gaga répond: « car ils essaient de me dire quoi faire, tout le temps. Je suis devenue une popstar grâce à mon amour pour la création, puis après tu es mise face à deux choix: à droite, ou à gauche? Vais-je laisser les projections de l’industrie contrôler ce que je fais? C’est très dérangeant, ça fait même mal physiquement. J’ai donc dû décider si j’allais ou non permettre ça, permettre aux gens de projeter des images sur moi… et j’ai décidé que les seuls que je laisserais faire seraient Marina Abramovic, Jeff Koons et Bob Wilson. Je préfère être leur véhicule plutôt que me laisser contrôler par les corporations qui ne savent même pas ce qu’elles font. C’est du poison, c’est la mort de l’art, et ça tue des jeunes gens. C’est un peu comme le fast food; c’est bon au début, mais après en avoir mangé pendant plusieurs années, tu peux devenir obèse et mourir… Je veux nourrir mes fans avec de la bonne nourriture. » Gagavision.net |
elle est FABULEUSE <3
Qu’est ce que je l’aime c’te meuf quand même !! ;)
Merci pour cette superbe traduction Christelle :)
Merci christelle !!!
Gaga était vraiment dans l’un de ses personnages pour cet interview. Je n’ai pas tout compris mais j’ai trouvé cet interview assez spécial.
Merveilleuse interview! J’aime l’honnêteté de Miranda Sawyer et sa simplicité, elle donne son avis tout en restant objective et positive au final
Oui Lady Gaga continues à nous donner de la bonne nourriture :p