06 Mar 2019

Lady Gaga pour V Magazine

Alors que Lady Gaga vient tout juste de remporter son 1er Oscar pour Shallow, qui s’est classée #1 au Billboard Hot 100 dans la foulée (son premier #1 depuis Born This Way), notre Lady n’en oublie pas pour autant son amour de la mode. Ayant déjà collaboré avec V Magazine à plusieurs reprises, Gaga sera en couverture du prochain numéro qui sortira le 7 mars prochain.
Le photoshoot est signé par le français Jean-Paul Goude. Gaga est habillée par – entre autres – Versace et Armani. Le magazine lui a aussi consacré un article. Retrouvez ci-dessous les photos extraites du magazine.

Lire l'article (VF) : C’EST UNE ENIGME !

Il y a dix ans, Lady Gaga et l’éditeur en chef de V, Stephen Gan, se rencontraient pour la première fois et mangeaient des sushis dans l’East Village. Récemment sortie de la scène club du Lower East Side, la dernière anti-ingénue de la pop (l’innocence n’a jamais vraiment été son truc) était en terrain familier. Une voix merveilleusement éraillée et un vocabulaire cultivé et poli, à des kilomètres de ses contemporains de 22 ans, avaient propulsé le premier album de Lady Gaga aux sommets des charts internationaux moins d’un an avant. The Fame fit apparaitre quelque chose. Gaga, avec son extravagance et son glamour bizarres, devenait la nouvelle chérie inattendue de l’industrie. Mais Gan crut en son habilité à devenir plus qu’un autre archétype de pop-star. Il vit en elle ce jour-là les premières braises du feu artistique qu’il allait alimenter et documenter pour la décennie à venir.
 
Gan a voulu associer Gaga à Jean-Paul Goude dès qu’il l’a rencontrée. Elle lui a dit que ce serait un rêve pour elle de travailler avec une telle légende, mais qu’elle avait déjà son propre Jean-Paul Goude. C’est Matthew Williams, l’homme derrière ALYX, le label inspiré de L.A., qui avait appelé Gan pour qu’il rencontre Gaga. Agissant en tant que conseiller créatif, Williams était déterminé à présenter la star montante à la célébrité du monde de la mode. Tout comme Goude et Grace Jones, le duo devenait une force créative sur laquelle compter.
 
Donc Goude devrait attendre. Jusqu’à maintenant. Ledit rendez-vous lança une expédition de 10 ans, à patauger dans un monde de chaos créatif – la combinaison de Gan et Gaga, dont l’amour pour les canons de la mode était associé à leurs désirs de la révolutionner – qui culmine à cet instant précis. Instant qui marque la 25ème couverture de V Magazine pour Gaga.
 
Gaga est apparue pour la première dans le V60, se prélassant avec glamour dans une robe Givenchy dessinée par Riccardo Tisci et posant près d’un ours en peluche habillé de façon similaire – vous savez, pour cette touche de ‘juste un peu bizarre’. Elle disait à Mark Jacobs, son intervieweur et admirateur de ses « tenues déclaratives d’avant-garde » et de son « matérialisme sans cynisme » que : « Lorsqu’on se fixe sur quelque chose et que l’on s’y tient, le mensonge peut devenir réalité. »
 
Bien que le terme « mensonge » soit lourd de sens, Gaga a en effet fait face aux doutes du public quant à son authenticité en tant qu’artiste à l’époque. Sa garde-robe agressivement calculée a souvent été qualifiée de demande d’attention plutôt que considérée comme un réel hommage à la liste exhaustive d’idoles qu’elle utilisait pour colorer sa vie de tous les jours. Les nœuds dans les cheveux de 2009 ? Un hommage aux styles vus au défilé de haute-couture de Jean-Paul Gaultier trois ans plus tôt. La célèbre robe en bulles ? Inspirée par le créateur Hussein Chalayan. Les tasses à thé devenues brièvement son signe caractéristique sur les tapis rouges ?
 
En fait, c’était juste Gaga elle-même. « J’aime boire dans de la vaisselle en porcelaine. Les gens en ont fait toute une histoire, » disait-elle à Jacobs.
 
Pour le V61, sa première couverture avec nous, Gaga avait déjà défié le destin en ne devenant pas un flash dans la poêle huilée de la pop. Et alors que la plupart des artistes suivent un chemin de carrière relativement pavé de fluctuations, comme un bateau qui navigue puis s’écrase violemment contre les vagues (la marée elle-même résultant de la capricieuse opinion publique), la carrière de Gaga a été une ascension linéaire. Mais comme elle le faisait remarquer dans son interview, c’est sans intérêt de la comparer à d’autres artistes. « Vous savez, lorsque j’étais brune, on m’appelait Amy Winehouse. Lorsque j’étais blonde, on m’appelait Madonna. Puis on m’a appelé Christina, et Gwen. »
 
Le monde tombait follement amoureux de Gaga. Elle traçait sa route dans la conscience globale des ménages en chantant, dansant et s’habillant. Gaga tombait elle aussi amoureuse du monde, particulièrement de ses fans. Dans le V71, elle disait à Elton John : « L’art est toute ma vie. Les littles monsters sont mon médicament. Ils me guérissent, physiquement et émotionnellement, chaque soir durant le show… Je ressens Dieu à travers leur amour. » Et pourtant peu de gens comprenaient vraiment ce qu’elle essayait de dire sous les robes en boule disco et les tenues de Kermit La Grenouille, comme elle le suggéra dans une interview avec V plus tard.
 
« Est-ce que quelqu’un sait vraiment ce que j’ai traversé pour en arriver là ? » confiait-elle à Marina Abramovic durant une conversation pour le V85.
 
Il semblerait que Gan avait compris, et ainsi il lui proposa d’être éditrice en chef invitée pour le V99, qui culmina avec 16 différentes couvertures, chacune étant une lettre d’amour aux « curateurs » de la mode, comme elle les appelle avec adoration. Un an et demi avant de sortir son single « The Cure », Gaga écrivait dans sa lettre d’éditrice : « Je choisis le terme ‘curateur’ pour insinuer, aussi, la nature curatrice de leurs moyens d’expression. Ils se guérissent eux-mêmes en les utilisant, puis nous guérissent en les partageant. »
 
Pendant dix ans, le talent artistique de Gaga s’est adapté et a été un remède largement applicable, de sa performance d’actrice sur le grand écran et acclamée par la critique, à sa résidence Enigma à Vegas, qui a inspiré la reine de la haute couture cosmique et futuriste sur notre couverture. Pas si mal pour quelqu’un qui, dans sa toute première interview pour V, clamait le simple rêve « de faire quelque chose de [ma] vie. »
 
Mais quel est ce nouveau moment pour Gaga ; que fera-t-elle de sa vie ? Si les photos de Goude en sont un indicateur quelconque, ce sera extraordinaire, quoi qu’elle fasse.

Lire l'article (VF) : ORCHESTRER GAGALAND

Jouer avec la perception est l’un des nombreux dons de Jean-Paul Goude. Je gentilhomme créatif a passé des décennies à chatouiller l’œil du public en garnissant ces photographies avec des choses impossibles tellement subtiles qu’on en les remarque souvent même pas. La pose de Grace Jones, son ex-petite-amie et muse, où elle attrape son pied en le passant par-dessus sa tête tout en tenant un micro de l’autre main, est humainement impossible. Cependant, c’est ce que Goude voulait que nous percevions d’elle à ce moment précis.
 
« Voici comment je travaille, » commence Goude. « Tout d’abord, l’idée puis les dessins, ensuite la prise de vue, puis les manipulations qui donnent naissance à une photo hyperréaliste réalisée par ordinateur, qui avec un peu de chance a l’apparence d’une photographie spontanée. Une entreprise plutôt minutieuse. » En effet, l’illusion convaincante des miracles visuels impromptus de Goude en ont fait l’un des noms les plus recherchés de la mode. Et pourtant, Goude nous rappelle qu’il n’est pas vraiment photographe.
 
« Ma timidité envers la photographie vient du fait que je ne me suis jamais considéré comme un photographe, en tant que tel, » explique-t-il. « La photographie consiste à capturer un moment rare, à saisir une opportunité qui se déroule devant vos yeux. Il s’agit d’être réactif et spontané. Je suis plus un illustrateur de mes propres concepts, je planifie à l’avance des moments rares à partir de rien. J’aime manipuler mes photographies. C’est comme dessiner, presque comme faire un film. »
 
Un grand nombre de ces photos manipulées contiennent des célébrités désormais iconiques. C’est un sujet qui, d’après Goude, n’a que très peu changé au fil de sa carrière.
 
« J’aime faire des portraits. J’en ai fait beaucoup pour Esquire à l’époque où Warhol clamait que dans le futur, tout le monde aurait droit à au moins 15 minutes de célébrités. Aujourd’hui, ironiquement, cette frénésie obsessionnelle pour la célébrité m’apparait comme un rêve devenu réalité, bien que ce soit sot. »
 
Il parait sensé, bien sûr, d’associer Goude à l’une des plus grandes célébrités mondiales pour notre couverture. Mais vu que Lady Gaga est l’une des femmes les plus photographiées, Goude s’est tourné vers le cosmos et les tréfonds fantastiques de son esprit pour créer quelque chose d’unique. « Avec Gaga, nous avons essayé de donner vie à un personnage fictif, sorti tout droit de ma mythologie personnelle : une sorte de divinité qui règne sur son Gagaland. » L’aspect intergalactique apparaît clairement. “Là, elle est une icône vivante, comme les figurines que les gens collectionnent et mettent sur leur cheminée, mais grandeur nature. »
 
Goude a donc dépeint Gaga de manière à la fois bizarre et belle ; extraterrestre mais avec un visage familier. Avant de rencontrer Gaga, il y a cinq ans, il avait quelques réserves.
 
« La vérité, c’est que j’avais des préjugés envers Lady Gaga, » confie-t-il. « Elle me rappelait trop ma courte expérience dans le business du disco des années plus tôt ; rien que la mention de son nom me mettait de mauvaise humeur. » Gaga lui a fait changer d’avis grâce à un concert. « Sa performance m’a complètement surpris. Elle était géniale – sa voix, sa manière de jouer du piano ! Je me suis senti idiot en ravalant mon erreur, » admet-il.
 
Et donc, la perception de Goude a changé. Désormais, à travers son objectif, nous pouvons voir une femme que nous avons déjà vu d’innombrables fois sous une nouvelle lumière. Et soudain, une étoile est née une nouvelle fois.

10 commentaires on “Lady Gaga pour V Magazine”

  1. Ça faisait longtemps qu’on avait pas eu quelque chose d’aussi Gagatesque ! J’adore.

    Je n’arrive pas à commander le magazine :/

  2. J’adore vraiment ce photoshoot, les prises de vues sont géniales, c’est coloré et un peu WTF et drôle. Ils ont du bien s’amuser lors du photoshoot ^^

  3. Bonjours GGV vous n’avez pas fait d’article sur la collaboration de Gaga et Swarovski avec des stickers pour la fondation British Fashion Council ?

    1. Bonjour,
      Après recherche, c’était 1 sticker pour les Fashion Awards 2018 (qui ont eu lieu le 10 décembre). Pas une grande nouvelle qui nécessite un article donc ^^ [lien]

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