La pop implacable, effrontée et massive de Lady Gaga vise juste – si on ignore les saxophones ringards.
Il y a un moment déroutant lorsqu’on écoute le second album de Lady Gaga, Born This Way, pour la première fois. Cela arrive dès que les lourds accords de synthétiseur retentissent sur la première piste Marry The Night et on se demande si la scène est faite pour que cette chanson soit la première de plusieurs ballades complaisantes. Ce sera une peur familière pour ceux qui ont regardé ‘Radio 1’s Big Weekend’ en s’attendant à une rafale de hits pop, et qui sont inexplicablement tombés sur plusieurs minutes de jazz et de trompette. Parmi toute cette folie, les comparaisons avec Madonna et les robes en viande, Lady Gaga a-t-elle perdu le fil de ce qui a fait tomber ses petits monstres amoureux d’elle en premier lieu ?
Si c’est le cas, cela sera en adéquation avec les récits les plus récents – l’ascension de Lady Gaga au sommet de l’arbre de la pop l’a fait atterrir sur une branche particulièrement branlante durant la campagne promotionnelle de l’album. Tout d’abord, les fans se sont plaints des similitudes de la chanson-titre avec le ‘Express Yourself’ de Madonna. Puis des voix réprobatrices se sont élevées dans la communauté gay en disant que Gaga s’était appropriée leur sexualité comme un outil marketing. Les bavardages autour de Born This Way ont été si intenses, en fait, qu’il y a même eu une réaction violente contre l’imagerie (de l’album).
Cependant de telles peurs sur le front musical ne durent pas longtemps – les prétentions douces de Marry The Night sont bientôt rattrapés par ce que Gaga avait promis comme des « sons dance massifs ». C’est une tendance qu’on retrouve tout au long de Born This Way. Peu importe la manière dont une chanson commence – pizzicato (NdT : technique consistant à pincer les cordes), vocaux d’opéra, son de guitare des années 80 – elle est bientôt absorbée par des synthés imitant la scie circulaire et des rythmes aussi précis qu’un robot. C’est impudent, une pop orientée pour les clubs qui atteint son but instantanément.
Gaga a exagéré sur les thèmes du moment – la religion (Judas, Bloody Mary), la liberté (Road to Love), l’identité (Hair, Born This Way) – et ces messages sont martelés plutôt que suggérés. Personne ne s’attendait à ce que Born This Way, seriné comme étant le « nouvel hymne gay » par Elton John, fasse référence aux théories post-homosexuelles mais on ne peut pas dire que la subtilité soit l’un des points forts de cette chanson. Ailleurs, Hair utilise les follicules comme métaphore de la liberté – ce n’est pas exactement un nouveau concept pour quiconque a vu la comédie musicale des années 60 ‘Hair’ (ou le sermon de Danny dans ‘Withnail & I’ d’ailleurs – NdT : film britannique de 1987).
Les paroles banales abondent (‘Je veux juste être libre, je veux juste être moi’) mais ces faiblesses peuvent aussi être des forces, et il y a quelque chose d’admirable dans la manière dont ce trio de thèmes susmentionnés s’adresse aux adolescents confus, en quête de leur identité. Bad Kids, en particulier, est une tempête à la Vince Clark (NdT : musicien et compositeur, fondateur de Depeche Mode) listant une série de défauts (‘Je suis une branleuse’, ‘Je suis une salope’, ‘Je suis une punk égoïste’) qui place Gaga, tout comme Pink, comme la pop star principale s’adressant aux exclus de l’Amérique. Ceci dit, lorsque la musique se calme à mi-chemin, Gaga aurait pu revenir avec une phrase un peu plus accrocheuse que ‘Je suis une idiote’.
Born This Way vante une vision de la pop assez flexible pour être à la fois sérieuse (Americano épouse des rythmes latinos pour s’attaquer aux lois sur l’immigration en Arizona) et surréelle (Road to Love est le ‘Don’t stop Believing’ de Journey (NdT : groupe du début des années 80) mais parle, euh, de licornes) ; pourtant cela touche sa cible presque à chaque fois. Scheiße est sûrement influencé par la scène techno décadente de Berlin mais cette chanson a un refrain ridiculement entraimant. En fait, quiconque a été déçu par les singles de Born This Way, dont aucun n’arrive à la hauteur de Bad Romance ou Poker Face, peut être réconforté par le fait qu’ils ne sont en aucun cas ceux qui ressortent du lot.
Le rythme est tellement implacable, en fait, que vers la fin de cet album gigantesque (14 chansons, plus des bonus tracks), lorsque les rythmes massifs vous cognent une fois de trop, vous commencez à espérer une jolie petite balade au piano pour respirer. Cela vient finalement avec l’avant dernière chanson Yoü and I, qui vise à chanter ensemble comme dans ‘Hey Jude’ (NdT : chanson des Beatles) mais qui – en raison de cette détermination à avoir quelqu’un qui joue sur un évier en arrière-plan – finie aussi ballonnée que le ‘Around the World’ d’Oasis.
La dérive occasionnelle vers l’indulgence n’est pas une surprise totale. Avec des dates de sortie délivrées comme des ‘cadeaux’ sur Twitter, des performances ayant commencé dans un œuf embryonnaire et la sortie de l’album au compte-gouttes sur un groupe journalistique choisi bizarrement (NdT : Metro), Born This Way est de loin l’album de 2011 ayant le plus de battage médiatique.
Gaga, qui minimise clairement cet état de fait, avait dit à ses fans l’an dernier : ‘Je vous promets de vous donner le meilleur album de la décennie.’ Ce n’est pas cet album, même d’après les standards d’une pop star qui prospère en élargissant l’imagination.
Gaga a abandonné ses dispositions artistiques dans sa quête d’un pur disque pop, en conséquence de quoi l’album s’égare occasionnellement un peu loin dans un territoire ringard. Les saxophones sur The Edge of Glory, par exemple, sont apparemment un hommage à Bruce Springsteen, mais seraient tout aussi à leur place dans ‘Million Love Songs’ de Take That. Pendant ce temps, Marry The Night ne remue pas tout à fait nos sentiments comme sa précédente incarnation ‘It’s My Life’ de Dr Alban. Mais tout ceci a, peut être, toujours été le paradoxe palpitant de Lady Gaga : elle peut être l’artiste la plus excitante, déconcertante et créativement époustouflante de la planète pop tout en ayant des sonorités dignes d’une publicité du début des années 90 pour Tampax.
© Traduction par Christelle
Géant.. <3
Le 2ème article est un peu plus mélioratif mais je suis d’accord avec les deux (a part quand ils disent que le saxo sa fait pitié dans TEOG)
Je préfère le 2eme
Voix de poitrine à la voix de tête ;) (pour Christelle ;) )
Sinon j’adore les avis :) le deuxiéme un peu plus :)
« Technique de chant consistant à passer rapidement de la voix de corps à la voix de tête » est une définition trouvée sur le net :/
Oui mais la définition est fausse… ^^
Je le savais que tu avais pris d’internet, mais c’est bien faux…
http://fr.wikipedia.org/wiki/Voix_de_poitrine
http://fr.encarta.msn.com/dictionary_2016038158/yodler.html
Et voix de tête ou voix de fausset on dit aussi :)
Et je ne remets pas ton travail en cause (t’as géré :) ) mais bien la déf hein :)
Parce que j’ai jamais vu et entendu « voix de corps », j’ai regardé sur internet et je peux assurer que c’est bien voix de poitrine (que je connaissais déjà très bien lool mais euh voilà )
Pas de souci ;)
Évidemment, Gaga était attendue au tournant avec cet album! Après, c’est à nous, ses fans, de se faire une opinion, car elle a fait cet album pour nous ! =)
Merci pour la traduction ♥
J’adore celui de Rolling Stones je trouve qu’il décrit Born This Way de façon très mélioratif et très précis . C’est un très belle éloge
The rolling stone si connaissent plus je pense étant donné sa renommé
Je préfère la deuxième :) C’est plus positif ^^
Rolling Stone, respect.
Wow Christelle, le boulot que t’a eu à traduire ces articles! Bravo et merci au nom de tous les petits monstres francophones qui ne cptent pas un mot de la langue de Shakespeare :)
Merci à toi de lire tout ça :)
Ca me fait très plaisir, c’est loin d’être une corvée :)
Il y a pas un probleme ? « Il y a un moment déroutant lorsqu’on écoute le « second album « de Lady Gaga, Born This Way, pour la première fois. »
Normalement c’est le 3 eme album ;)
Ils considèrent que c’est le 2ème ‘vrai’ album et que ‘The Fame Monster’ n’était qu’une ‘ré-édition’ peut être ?
Tous les journaux et magazines font ça. Ils citent BTW comme un second album. Pour moi, TFM est le second album. Mais bon, chacun son truc ^^
TFM n’est pas un album c’est un EP (extended play) réédition de TF ;)
Ah Oué, Surment ;) Ou alor il se sont troper cher pas ;) de toute facon je te dit… Euh…. Felicitation pour les traductions ;) J’aimerais etre aussi bon en anglais que toi lol
J’aime bien l’analyse référencée de Rolling Stone, et j’adore la conclusion: article sincère pour moi, qui a bien compris Gaga et ce qu’elle voulait faire.
Par contre, celui du Guardian bof bof et je déteste la conclusion (on dirait du Libé pur jus !!).
Au faît, Yoü and I, pour moi c’est pour Lüc Carl, et pour vous ?
C’est pour Luc :)
The Guardian la clash grave, Rolling Stones l’a defend beaucoup enfin non, il donne un avis positif, donc bon… mais je suis evidemmant d’avis avec Rolling Stones, els saxo sa fait pas pitié –«
Je suis tout à fait d’accord avec la première critique (Guardian). C’est exactement ce que je pense de l’album.
Par contre, pour la deuxième critique, n’aurait-il pas fallu mettre une majuscule à chic, vu qu’il s’agit du groupe Chic dont la chanson de LG est inspirée (célèbre ligne de basse) ?
Exact j’ai loupé cette référence, je corrige de suite, merci ;)
Merci beaucoup à Christelle pour tout le travail qu’elle fournit, que ferions nous sans toi ! ♥
Sinon les deux critiques sont assez véridiques, même si j’ai une certaine préférence pour la deuxième, je sens que cet album va nous réserver tellement de surprises..Merci GGV aussi !
Voici une autre critique très constructive! Elle provient d’un blog très diversifié dont les sujets sur GaGa sont traités de manière objective
http://www.newwavehooker.com/2011/05/lady-gaga-born-this-way.html
Hey, elle est vraiment très cool cette chronique. tks.
Et merci à Christelle pour les traductions.
Pour ma part, je pense que les deux sont justes. Gaga est simplement regardée par deux yeux différents. Ce qui est spéciale chez elle, c’est que l’on peut avoir les meilleures raisons du monde de l’aimer autant que de la détester.
L’analyse de Rolling Stones est très juste et pertinente.
Je suis absolument d’accord avec eux lorsqu’il évoque l’influence des « eighties » et quand il cite le nom de Pat Benatar (évoqué dans d’autres critiques US).
Je suis absolument fan des deux (vous ne pouvez pas imaginer) et ça explique probablement mon engouement (mon délire) pour cet album !
Des titres comme TEOG, Marry the Night ou Electric Chapel avec leurs envolés lyriques « sonnent comme du Benatar » et ça tombe bien car cette légende du Rock adore Gaga…
Heureusement que les avis US sont beaucoup plus objectifs que les critiques françaises qui érigent des lignes Maginot par protectionnisme !!
Surtout pour ce qu’elle a servit en 40….
Je suis de l’avis de Rolling Stone. J’ai envie de vomir rien qu’en voyant l’autre article, c’est fou ce qu’ils ont tort et ça sert à rien d’insulter la musique de Gaga!
Euh ‘The Guardian’ n’insulte pas du tout la musique de GaGa hein :|
Il est plus cinglant que celui de ‘Rolling Stones’ c’est sûr mais leur critique est (contrairement à presque toutes les critiques fraçaise) argumentée et assez juste. Après les ‘saxophones ringards’ c’est un avis assez subjectif quand même …
Moi j’aime bien les deux.(même si je préfére celle de ‘Rolling Stone’ forcément :P)
Des critiques assez justes et constructives à mes yeux contrairement à certaines que j’ai eu le malheur de lire ci et là …
Rolling Stone résume assez bien le truc je pense !
Meeeeeeeeeeerci beaucoup pour les traductions ! Et j’ignore si c’est fait exprès mais, très bonne idée de mettre un article péjoratif et un article mélioratif. :-)
Sinon, je trouve que les critiques du premier sont pour la plupart infondées… Même si ils ont raison sur quelques points tout de même ! Et le deuxième est vrai, totalement vrai. Et surtout vachement bien écrit.
Pour ce qui est du ‘saxophone ringard’, j’ai juste envie de leur rire au nez ! >< C'est une des ou la meilleure partie de TEOG..
La critique de The Guardian est absolument ridicule… Vraiment Oo