19 Juil 2011

Rolling Stone

GaGa fera une nouvelle fois la couverture du magazine « Rolling Stone » pour l’édition du mois de juin ! Le magazine sera disponible uniquement dans les bureaux de presse ou magasins qui vendent des importations.


Que pensez-vous de la photo de couverture ?

MAJ : Voici 3 nouvelles photos + celle de la couverture sans écriture en fond, prises par le photographe Ryan McGinley.



MAJ : Voici les scans

Via propagaga

 

MAJ du 19/07/2011 : Voici ci-dessous la traduction complète de l’article !


 

Dans la salle de contrôle noire et sans air d’un studio d’enregistrement, au troisième étage d’un immeuble de bureaux de Manhattan, Lady Gaga attrape une licorne et parle de ‘Rocky IV’. Elle est à huit heures de terminer les vocaux pour son troisième album, ‘Born This Way’, qui sort dans moins d’un mois. Mais même avec la menace de la date buttoir (« bientôt » est ce que tout le monde dira, de manière sinistre, sur cette date limite), même dans la lumière faiblarde de l’écran d’ordinateur, même lorsqu’elle sirote une canette de Coca Zéro avec une paille courbée, elle est resplendissante dans sa Gagattitude. Ses extensions de cheveux blondes sont coiffées en deux couettes, s’élevant comme la corne de sa licorne, sa frange est d’un noir contrastant, son maquillage dramatique lui fait des yeux de chat et s’étend bien au-delà des limites de ses paupières. Elle porte des collants avec un petit accroc sur la jambe gauche, un soutien-gorge, des « bottes de stripteaseuse » remontant jusqu’aux genoux et une veste en cuir bien trop grande avec la croix et le cœur de la couverture de son single actuel ‘Judas’ peint dessus – un cadeau de fan. Il y a quelques instants, elle portait aussi un béret qui la faisait ressembler à un Ange Gardien particulièrement en avance sur la mode.
« A chaque fois que je suis triste, je pense aux petits monstres et je fais ça, » roucoule Gaga, en faisant s’allumer la petite corne de sa licorne. « Bats-toi, petit poney, bats-toi ! » Ses admirateurs se surnomment eux-mêmes Little Monsters ; dans les lettres souvent bouleversantes qu’ils lui font passer sur scène, ils l’appellent Mother Monster. En trois ans de célébrité, Gaga a amassé 34 millions d’amis Facebook et un milliard de vues sur YouTube ; les ados branchés en Chine expriment leur surprise en disant « Oh, my Lady Gaga. » Elle a remodelé la pop à son image, en disant aux jeunes qu’il est cool d’être gay ou bizarre ou impopulaire, qu’ils sont nés comme ça : ce message a été largement absent des charts depuis les parias du rock alternatif des années 90. Occasionnellement, Gaga exploite la musique et l’iconographie de ces héros, mais ses influences sur ses propres pairs et encore plus évidente : Miley Cyrus et Christina Aguilera ont pratiquement détruit leurs carrières en essayant de l’imiter, Rihanna et Katy Perry deviennent de plus en plus étranges (cf. Le clip de Perry ‘E.T.’), Ke$ha est autorisée à être célèbre.
Sans parler des sons dance désormais inévitables sur les dancefloors que Gaga a réintroduit dans les radios pop – un son qu’elle essaie de réinventer. « Il faut s’éloigner de la formule ! » dit Gaga, qui a insufflé à son nouvel album sa passion pour le rock vintage. « Si je pouvais mettre ces refrains épiques sur les dancefloors, ce serait pour moi le triomphe de l’album ».
Mais Gaga a toujours l’impression d’être une paria – alors elle regarde les films de ‘Rocky’. Rocky ressemble beaucoup à Gaga, sans la robe en viande, l’œuf géant et les dizaines de hits : petit, bagarreur, Italo-américain, toujours en compétition avec des spécimens aux physiques sans défaut. La nuit dernière, elle a vu le quatrième film pour la première fois, et a pleuré lorsque Rocky a vaincu le méchant Soviétique Ivan Drago. « Ma partie préférée, » dit Gaga avec un enthousiasme profond, « c’est quand l’ex-entraineur d’Apollo dit à Rocky ‘Ce n’est pas une machine. C’est un homme. Coupe-le et lorsqu’il sentira son propre sang, il te craindra.’ » (Elle a en fait inventé au moins la moitié de cette citation, mais qu’importe.)
« Je sais que ça semble fou, mais j’ai pensé à la machine de l’industrie de la musique, » continue-t-elle. « J’ai commencé à penser au fait que je dois faire saigner l’industrie musicale pour lui rappeler qu’elle est humaine, ce n’est pas une machine. Je n’ai pas arrêté de me dire aujourd’hui ‘Pas de souffrance, pas de souffrance, je ne ressens rien.’ » Elle frappe l’air. « Crochet du gauche, crochet du droit. J’ai traversé bien pire dans ma vie avant de devenir une chanteuse pop, si bien que je ne peux ressentir aucune souffrance durant le voyage de mon combat vers le sommet. » Elle fait une pause et cite AC/DC : « ‘C’est un long chemin vers le sommet si tu veux déchirer.’ Ca l’est ! Mais à la fin de la journée, tout a un cœur, tout a une âme – nous oublions parfois cela. »
Elle appuie sur sa licorne – qu’elle a appelée Gagacorne – et l’a fait s’allumer de nouveau. « Seuls les hommes pouvaient mettre le symbole le plus phallique qui soit sur une créature mythique faite pour revigorer la joie de chaque petite fille, » dit-elle. Gaga a eu 25 ans en Mars, mais elle a souvent l’air plus vieille ou plus jeune. Lorsqu’elle travaille, elle est l’adulte la plus sérieuse qui soit dans la pièce, incontestablement le Monstre en Chef. Mais dans les moments irréfléchis, elle apparaît plaisamment bloquée à 19 ans, l’âge auquel elle a abandonné sa vie normale, abandonnant NYU pour devenir une superstar : « J’ai hâte que mon album sorte pour que nous puissions être tous bourrés et allions l’acheter, » dit-elle.
Même lorsqu’elle parle, Gaga travaille sur des harmonies vocales dans sa tête pour la chanson du moment, un morceau rythmé électro-rock appelé ‘Electric Chapel’. Sans fanfare ni échauffement, elle fait rouler sa chaise jusqu’au micro placé dans un coin, met un casque et commence à chanter une série sans fin de variation du refrain. « Ca fait très Duran Duran, non ? » demande-t-elle après une prise. « Duran Duran est ma première inspiration en terme d’harmonie – tous les signes pointent vers Duran Duran. » Puis elle essaie une autre prise avec son timbre de voix le plus bas, sexy et très Cher. « Je préfère celle là, ça fait plus Billy Idol. »
Quelques minutes plus tôt, elle a demandé si l’égaliseur d’une ligne avait été changé. Ca l’avait été alors ils l’ont rechangé. En consultant une liste considérable de choses à faire qu’elle a gribouillées dans un carnet, Gaga tourne son attention vers le placement de l’un des nombreux hooks de la chanson, où elle rugit un « Meet me, Meet me » bluesy sur des rythmes lourds – cette partie devrait-elle arriver plus tôt ? Ils le modifient et elle est contente. « Maintenant ça ressemble plus à du rock des années 70. C’est Janis Joplin toute la nuit. »
« Non, c’est du Lady Gaga, » dit l’un de ses producteurs, Paul Blair, aussi connu sous le nom de DJ White Shadow, un mec longiligne de Chicago portant le bonnet publicitaire d’un bar du centre-ville ‘Angles and Kings’.
« Je sais, » dit-elle. « Mais je ne peux pas faire référence à moi-même. Pas encore. »
Elle commence à songer à sa rencontre avec une batterie de princesses Disney lors d’un récent séjour à Orlando. « J’ai eu une réaction viscérale de fan lorsque je les ai vues, très similaire à celle que j’ai eu lorsque j’ai rencontré Kiss pour la première fois, » dit-elle avec un petit rire nerveux. (Certains des moments pop R&B rétro de ‘Born This Way’ ont été inspiré par la couverture de 1977 de ‘Then She Kissed Me’ de Kiss). « Une princesse Disney a pour moi la même qualité émotionnelle qu’une légende du rock. Ce qui est si magique avec un groupe comme Kiss ou quelqu’un comme Elton John, c’est ce sentiment qu’ils n’ont pas les pieds sur Terre. Lorsque j’ai rencontré Kiss, ils auraient pu flotter au-dessus du sol et ça ne m’aurait pas surprise. Dans un concert de Kiss, Paul Stanley traverse la salle en volant et c’est curieusement normal. C’est juste, comme si, ‘Mais bien sur.’ Je veux faire ça. Mais je ne veux pas que ce soit un moment de scène. J’ai besoin de recréer ça dans une situation de tous les jours. Je veux être dans un supermarché et le traverser en volant. Il faut que cela arrive ! Je ne résiste pas au théâtral – que voulez-vous ?! »
Ce que ses producteurs et ingénieurs veulent, c’est une pause. Ils n’ont pas dormi depuis des jours, et ceci après avoir voyagé à travers le monde durant un an avec Gaga pour que cet album soit fait au milieu des 200 et quelques dates de sa tournée. Elle est fière d’être une travailleuse plus acharnée que n’importe quelle popstar. « Je suis une véritable artiste et je m’investis à fond, » dit Gaga. « Habituellement l’artiste arrive, fait des vocaux puis repart, puis ces mecs font leurs boulots et renvoient le tout. »
« Nous n’avions pas l’habitude d’avoir une artiste qui contrôle tellement tout, » dit son autre producteur Fernando Garibay – petit et réservé, portant lui aussi un bonnet. « Ce n’est pas dans notre répertoire, dans cette génération de producteurs, d’avoir une artiste qui arrive et sait exactement ce qu’elle veut. »
« Je ne sais pas si je peux parler au nom de tout le monde, » dit Blair. « Mais il n’y a aucune autre artiste au monde pour laquelle je ferai autant d’efforts. »
« Tousse-Britney-tousse » dit l’ingénieur Dave Russel dans sa main, un britannique non rasé, avec une casquette en tricot.
Gaga lui donne un doux coup de poing qui ne rappelle pas Rocky. Bats-toi, petit poney.
 
Lady Gaga possède une forteresse de solitude, de Gagattitude, installée en coulisses à chaque arrêt du Monster Ball – un sanctuaire garni de rideaux et éclairé à la bougie. Deux jours plus tôt dans une salle de Nashville, elle s’est lovée sur un canapé en coulisses dans cette pièce, au milieu de photos de ses héros : Jimmy Page, Debbie Harry, les Sex Pistols, John Lennon et les Ramones, plus un triptyque d’Elvis Prestley fait par Andy Warhol, qui fait double emploi. Il y a aussi une plus petite photo encadrée de Gaga avec Elton John, qui est devenu un tellement bon ami qu’elle est la marraine de son fils (« C’est un sacré boulot à remplir, » dit-elle). Aujourd’hui, elle porte la même paire de bottes à 30 dollars et une veste en cuir de motard sur un autre ensemble collants-soutien-gorge ; elle sirote du café dans un mug décoré de dessins du dessin animé de Disney ‘Alice au Pays des Merveilles’, qu’elle met un point d’honneur à montrer – elle est descendu dans le trou du lapin il y a longtemps, et n’a aucune intention d’en sortir.
Pourquoi ces photos d’icones du rock ? « J’aime juste garder près de moi les gens qui me rappellent ce qui, je pense, sera mon plus grand héritage, » dit-elle, « plutôt que de m’engager vers une tendance ou une idée de ce que le public perçoit de ma musique, de mon art ou de ma personnalité. Cela me rappelle de rester moi-même. » Lorsque Gaga entre en mode interview, sa syntaxe devient consciemment formelle et elle se tient plus droite – c’est un nouveau tournant, un truc de Maman Monstre, qui n’était pas vraiment présent lorsque nous avions passé du temps ensemble il y a deux ans.
La dernière fois que nous l’avons rencontrée, en Mai 2009, Gaga n’avait pas encore été la vedette d’un seul show dans une grande salle et n’avait offert que de vagues indices sur ce qui allait devenir son second album, ‘The Fame Monster’ (« C’est inspiré par les monstres, » avait-elle dit, « Je regarde des films de monstres lorsque je suis seule. ») Elle se sentait incomprise – encore plus à cette époque que maintenant. « Vous vous rappelez, lorsque je vous ai rencontré, c’était un moment totalement différent dans ma carrière, » dit-elle. « Etre moi-même en public était très difficile. On me pointait du doigt et on me testait, les gens me touchaient et touchaient mes vêtements en faisant ‘Mais qu’est-ce que c’est que ça ?’, c’était affreux. C’est comme si j’étais malmenée par les amoureux de la musique, parce qu’ils ne pouvaient pas croire que j’étais authentique. J’étais trop différente ou trop excentrique pour qu’on me considère sincère. »
Ce qui a le plus changé à propos de Lady Gaga c’est ce sens récemment trouvé de la mission, combiné à une connexion symbiotique, presque intensément déroutante avec ses fans. « Nous avons ce cordon ombilical que je ne veux pas couper, jamais, » dit-elle. « Je ne pense pas qu’ils me vident de mon énergie. Ce serait si mesquin, n’est-ce pas, de dire ‘Le mois prochain, je vais me couper de mes fans pour être une personne.’ Qu’est-ce que ça voudrait dire ? Ils font partie de moi, ils font tellement partie de qui je suis. Ils sont au moins 50 pour cents de moi ; si ce n’est plus. »
Elle s’est procurée sa garde-robe dans la foule, portant la plupart du temps hors scène des vêtements que ses fans lui ont donné ; elle décore sa loge avec leurs art et cadeaux (il y a eu un défilé interminable de licornes depuis que les fans ont découvert un morceau de ‘Born This Way’ appelée ‘Highway Unicorn [Road to Love]’ – elle en a une blanche dans sa loge, sur laquelle est épinglée un cœur avec les mots ‘Tu as changé ma vie à jamais’). Lorsqu’on lui demande ce qu’elle a lu récemment et qui l’inspire, elle ne mentionne que les lettres de ses fans : « Il y a toutes sortes d’histoires, toutes sortes de milieux, toutes sortes de voyages, » dit-elle. (Coup d’œil non autorisé et aléatoire à la lettre déchirante d’un garçon de 15 ans, écrite à la main sur du papier d’écolier ligné : ‘Je suis un petit monstre extrêmement dévoué, et je serais un petit monstre pour toujours… A chaque concert tu dis que tu veux nous libérer, et c’est ce que tu as fait. Tes chansons m’ont appris à ne pas écouter les gens haineux et à être qui je suis, car, bébé, je suis né ainsi !’)
Elle croit vraiment qu’elle est re-née en tant que Maman Monstre – d’où l’œuf géant dans lequel elle est arrivée aux Grammys, n’émergeant que pour sa performance. (Et si elle avait eu envie de faire pipi ? « Je ne fais pas pipi. Je n’ai pas d’organe inutile. Je suis née sans, » dit-elle sagement, non sans contenir un petit rire.) « En fait je suis devenue une meilleure artiste grâce à mes fans, » dit Gaga. « Le Monster Ball a été l’un des moments les plus critiques de ma vie, durant lequel j’ai réalisé que mon objectif sur Terre est beaucoup plus grand qu’écrire des hits. Il y a quelque chose dans ma relation avec les fans qui est si pur et si authentique. Durant le show, je dis ‘Je ne fais pas de playback, et je n’en ferai jamais, car c’est dans mon authenticité que vous pouvez reconnaitre la sincérité de mon amour pour vous. Je vous aime tellement que je transpire sang et larmes dans le miroir chaque jour, je danse, j’écris de la musique, pour devenir un leader pour vous, pour être forte et courageuse, pour ne pas être une suiveuse.’
Quelqu’un m’a dit : ‘Si tu as un potentiel révolutionnaire, tu as l’obligation morale de faire du monde un endroit meilleur.’ Et mes fans sont une révolution. Ils sont la preuve vivante qu’on n’a pas besoin de se conformer à quoi que ce soit pour changer le monde. »
Elle ne cligne pas beaucoup des yeux durant ce monologue, et ses yeux affichent un éclat messianique sous ses faux cils flamboyants. Je me demande soudainement si elle fait des choses humaines ces jours-ci, comme manger ou dormir, par exemple ? « Non, » dit-elle fièrement. « Rien que de la musique et du café. »
Elle se voyait d’une manière différente durant ces jours pré-Gaga, lorsqu’elle était Stefani Germanotta, suivant des cours dans la chic école catholique réservée aux filles du Couvent du Sacré Cœur, dans l’Upper East Side. « Je n’ai pu regarder en moi que lorsque j’ai pu faire écouter ma musique au monde, » dit-elle, « et honorer la marginale que je suis, honorer la réalité de la manière dont j’étais traitée lorsque j’étais enfant, pas par ma famille, mais par mes pairs à l’école, et comment cela m’a affectée. »
Son ton s’adoucit. Elle cligne des yeux. Elle n’est pas interviewée. Elle parle juste. « Etre provoquée parce qu’on est moche, parce qu’on a un gros nez, parce qu’on dérange, n’est-ce pas ? » Elle rétrécie ses yeux en les fronçant et imite la voix des filles méchantes d’autrefois : « ‘Ton rire est marrant, tu es bizarre, pourquoi est-ce que tu chantes tout le temps, pourquoi es-tu tellement dans le théâtre, pourquoi est-ce que tu te maquilles comme ça, qu’est-ce qu’ils ont tes sourcils ?’ J’avais ces sourcils très grands à la Evita. J’utilisais de l’autobronzant, j’avais ce bronzage très intense à l’école et les gens disaient ‘Pourquoi es-tu si orange, pourquoi te coiffes-tu comme cela, es-tu lesbienne ? Pourquoi est-ce que tu te trimballes comme ça à l’école ?’ On me traitait de salope, ou de ceci, ou de cela. Je n’avais même pas envie d’aller à l’école parfois. »
Gaga est bien au courant que des journalistes ont retrouvé d’anciennes camarades d’école qui disent que Stef était plutôt populaire. « J’ai vu tous ces citations, » dit-elle, « et toutes ces personnes étaient celles qui me maltraitaient ! Peut être que c’est leur manière d’essayer de se racheter. »
Elle est convaincue que le fait d’avoir été intimidée l’a conduite à des relations sentimentales abusives lorsqu’elle était plus jeune, et que cela l’a menée à ce qu’elle décrit comme une période de gavage à la cocaïne après qu’elle ait quitté NYU et déménagé dans le Lower East Side. « C’était quelque chose de si douloureux, » dit-elle. « Cette énorme blessure est restée en moi durant si longtemps, je l’ai enterrée dans la drogue et l’alcool et dans les hommes plus vieux, encore et encore, dans un cycle de tristesse avec moi-même, essayant de la réparer, de l’annihiler. Mes fans m’ont forcée à réagir. »
Des heures plus tard, après le show, il y a une alerte à la tornade à Nashville, mais l’avion de Gaga s’apprête à décoller quand même. L’équipage est très nerveux, et personne ne trouve particulièrement amusant que la maquilleuse de Gaga porte un t-shirt de Stevie Ray Vaughan (NdT : auteur-compositeur-interprète et guitariste mort dans un accident d’hélicoptère). Gaga est sereine, sortant des blagues sur ‘Le Magicien d’Oz’ : « New York City, » soupire-t-elle, encore éclaboussée de faux sang du concert sous sa veste en cuir. « Il n’y a aucun meilleur endroit que la maison. »
Elle pense que l’univers n’autorisera simplement pas un crash d’avion. « Il y a trop de choses en jeu, » dit-elle, de nouveau de son ton messianique. « Dieu veut que ‘Born This Way’ sorte – cet avion va droit vers New York. » Je ne peux m’empêcher de signaler que même si l’avion s’écrasait, l’album sortirait. Elle acquiesce – j’ai marqué un point – puis rigole, sans peur.
 
L’horloge tourne toujours dans le studio new-yorkais, mais Gaga a encore une idée pour ajouter une touche années 80 à ‘Electric Chapel’, avec un style parlé comme dans ‘Rock Lobster’ (NdT : chanson de The B-52s, groupe américain formé en 1976). Tout ça pour intensifier le refrain : « Lorsque je dis ‘Electric Chapel’, quelque chose doit se passer, » dit-elle. « Il doit y avoir plus de fantaisie. On doit voir l’impératrice de la planète des licornes du Vatican apparaitre et traverser le night-club en volant. » Je suggère en rigolant à moitié qu’elle devrait recruter Fred Schneider des B-52 pour cette partie, et elle semble considérer cela durant une seconde. Un coup de tête similaire, inspiré par le tournant hymnique de l’album, a convaincu Clarence Clemons du E Street Band de sauter dans un avion depuis Miami dans les 5 minutes, littéralement. « C’était : ‘Nous avons besoin de Clarence’ et il était là, » raconte Russell. « C’était comme dans ‘Ma Sorcière bien aimée’. »
« Je n’aime pas voir ça comme la reine qui mande sa cour, » ajoute Gaga plus tard. « Je ne m’attribue pas ces moments de ma vie à cause d’un quelconque pouvoir. Je pense que c’est le destin – que c’était le destin de Clarence et mon destin qu’il soit sur ce disque. » Clemons, qui se décrie lui-même comme un Gaga-ite, a joué sur deux morceaux de l’album faits pour être joués en concert, ‘The Edge of Glory’ et ‘Hair’ – Gaga lui avait aussi demandé de jouer sur le morceau-titre, mais d’après le père de Gaga, Clemons lui aurait dit que le morceau n’avait pas besoin de lui. « Je ne crois pas que je puisse apporter quelque chose à celui-là, » a-t-il dit.
Schneider n’était pas destiné à apparaitre sur l’album de Gaga, alors elle fait avec les moyens du bord, amenant vers le micro sa maquilleuse, Tara Savelo, une jolie blonde, et son coiffeur, Frederic Aspiras, qui ressemble et agit comme un plus jeune Jay Manuel de ‘America’s Next Top Model’. Elle m’appelle aussi et, avec un geste de la main, nous donne le signal pour japper ‘Ooooh, electric !’ à l’unisson, deux fois de suite. Un producteur enclenche le playback et, durant un instant, nous entendons nos voix sur une accroche de Gaga. C’est accrocheur mais ridicule. « J’adore ça ! » dit-elle, ajoutant presque sans faire de pause, « Enlevons-le. » Le destin peut être cruel.
Elle porte son attention vers ‘Black Jesus – Amen Fashion’, un air autobiographique sur son année post-NYU dans le Lower East Side – qui sonne comme Deee-Lite (NdT : groupe new-yorkais formé en 1989 et dissous en 1996) produit par Trent Reznor (NdT : auteur compositeur musicien producteur). Il y a une vibration industrielle lourde sur la plupart de l’album, un filon largement abandonné dans la pop depuis le ‘Blood on the Dance Floor’ de Michael Jackson : « Il y a un esprit paisible, joyeux, avec ses rythmes massifs et sombres derrière, » dit-elle. « C’est cette dichotomie intéressante qui, je pense, représente le combat interne et l’état émotionnel de beaucoup de gens de ma génération. » « Fashion on the runway / Work it, Black Jesus, » chante-t-elle dans le refrain, sur des basses de synthétiseur bourdonnantes. Alors que la chanson se termine, elle décide d’ajouter une partie psalmodiée : « Black, black, black, I wear black. Jesus is the new black, Jesus is the new black, » ainsi qu’un Jackson-esque « Ow ! » « N’est-ce pas frais ? » demande-t-elle. « C’est super frais ! Frais comme un sandwich de Subway. Mange frais, pétasse ! »
« Cette chanson parle de mon déménagement dans le Lower East Side, » explique-t-elle, « et de laisser derrière toutes les anciennes façons de penser, que ce soit ce que j’aurais du devenir en grandissant ou ce qu’est la religion. » « On peut se faire soi-même un lavage de cerveau – et c’est aussi simple que de mettre une robe. Ou, pour moi, du cuir. » Elle fait une pause. « L’album est une manière de dire que la culture pop est une nouvelle religion. »
Alors que ‘Black Jesus’ passe, Gaga chuchote : « Je vais avoir tellement de soucis. » Puis elle sourit. « Cette chanson ne pourrait pas être plus intense qu’elle ne l’est déjà. » Elle est prise dans de multiples controverses actuellement : elle a du s’excuser d’avoir dit que l’idée que ‘Born This Way’ soit un plagiat est « attardée » et démentir publiquement la décision de son manager d’interdire à Weird Al de faire une parodie ; de plus, la Ligue Catholique condamne son single actuel ‘Judas’.
Alors que Gaga termine ‘Black Jesus’, elle reçoit un email sur son Blackberry (pas de décoration, même pas une coque rose) l’informant qu’un nouvel édit du clip de ‘Judas’ est prêt. Son assistante lui amène son MacBook Air et Gaga regarde le clip – qui transforme les 12 apôtres en un gang de motards sexy, avec Gaga dans le rôle de Marie-Madeleine. Alors que des scènes particulièrement luxueuses défilent, elle laisse échapper un gémissement presque orgasmique. « Vous le comprenez ? » ne cesse-t-elle de me demander. « J’espère que mes fans le regarderont des centaines de fois pour le comprendre. » Parmi les idées qu’elle essaie de faire passer, il y a celle que la trahison de Judas envers Jésus aurait pu faire partie d’un plan divin, que Marie-Madeleine devrait être vue comme « L’apôtre des apôtres », et aussi qu’elle est super mignonne avec sa cape indigo.
Elle se prépare aux critiques de la vidéo – dont elle finit par couper le son – car c’est tellement artistique que les envieux potentiels ne peuvent même pas comprendre. « J’ai découvert que la plupart du temps je suis moins critiquée pour ce que je dis que pour ce que je ne dis pas, » dit-elle.
Mais la critique la plus embêtante est l’idée qu’elle cherche juste de l’attention. « J’ai déjà de l’attention, » dit-elle, puis commence à s’adresser directement à ses détracteurs : « Est-ce que vous croyez que je ne fais que rechercher de l’attention ou que je choque juste pour choquer, ou est-ce que ça fait juste longtemps que personne n’a abordé l’art de la manière dont je le fais ? Peut être que ça fait quelques dizaines d’années qu’un artiste ne s’est pas autant exprimé sur ses opinions, sur la culture, sur la religion, sur les droits humains, la politique. Je suis tellement passionnée par ce que je fais, chaque ligne de basse, chaque battement, chaque égaliseur. Pourquoi est-ce que vous ne voulez pas plus d’un artiste, pourquoi est-ce que vous attendez si peu d’un artiste, pourquoi est-ce que quand je donne encore et encore, vous en déduisez que c’est du narcissisme ? »
Plus tard, elle dira la chose de manière plus succincte : « Je suis une véritable artiste, une véritable musicienne, qui est devenue une chanteuse pop, qui a toujours voulu devenir une pop star. »
 
Gaga conclue les vocaux de ‘Born This Way’ aux alentours de cinq heures du matin. Elle est reconduite chez elle, dans sa cachette en grande banlieue (elle dit de l’endroit que c’est « un chef d’œuvre de taudis ») ; elle se relaxe en regardant de nouveau une partie de ‘Rocky IV’ ; s’endort vers six heures, se réveille en sursaut vers dix heures, reste au lit et regarde un épisode de ‘Cops’ en mangeant un gros sandwich aux œufs commandé dans une épicerie proche (« Je n’ai pas mangé assez ces derniers temps, j’ai été très occupée »), s’endort de nouveau vers midi, fait un rêve sexuel très plaisant (« J’ai travaillé très dur et je me sens mal-nourrie dans plusieurs domaines, oh, oui. Pas totalement mal-nourrie, en fait. Peut être que je suis juste gourmande »), elle se réveille à quatre heures, se douche, met son hair bow et un bandana noir du clip de ‘Judas’, danse en sous-vêtements sur du Iron Maiden, se maquille elle-même, un peu de manière désordonnée, ajoute un faux grain de beauté qu’elle appelle « une mouche fantasque », enfile une veste en cuir sur un débardeur noir et une jupe, met ses bottes de stripteaseuse à hauts talons et ses lunettes cloutées faites par un fan, puis part à Newark, dans le New Jersey, pour l’un des derniers shows du Monster Ball Tour.
Nous nous rejoignons alors qu’elle est en chemin, au centre de Manhattan. Son SUV s’arrête pour me laisser monter, et à la vue de Gaga sur le siège passager, la voiture est entourée de Little Monsters d’âges et d’origines diverses. « Ils sont très gentils, » dit-elle. « Il n’y avait qu’une personne, et tout d’un coup il y a plein de gens. » Ils affichent tous des sourires émerveillés, comme s’ils rencontraient Kiss ou des princesses à Disney World. Les agents de sécurité de Gaga – spécialement un néerlandais qui a l’air si sinistrement efficace qu’il est sans doute un Terminator – regardent de près, mais restent à distance. Après qu’elle ait signé son dernier autographe et posé pour sa dernière photo, elle monte sur le siège arrière avec moi, et la voiture s’engage vers Lincoln Tunnel.
« Vous voulez une cigarette ? » demande-t-elle, en sortant deux American Spirits d’un paquet. « Je ne fume pas, » explique-t-elle, en allumant sa cigarette. « Je fais juste semblant. »
Elle laisse sa fenêtre ouverte alors que nous roulons dans le centre, ce qui résulte en nombre de bouches bées de la part des passants. Laissant tomber les cendres de sa cigarette par la fenêtre après une bouffée théâtrale, elle parle d’un rêve récurrent dont elle vient tout juste de se débarrasser. « J’avais quelque chose de mal en moi, ou quelque chose qui était négatif, il y avait ce mur blanc, et pour me débarrasser de ce mal, je devais me tenir contre le mur et le frapper pour voir le mal – comme une essence qui sortirait du centre de mon âme, puis il partait. »
Ce rêve, pense-t-elle, « n’est qu’une quête de courage, c’est tout. » Vous êtes tellement sûre de vous, dis-je, mais êtes-vous anxieuse pour ce nouveau projet ? Elle a l’air effaré. « Sûre de moi ? » dit-elle. Ses yeux sont grand ouverts, ses paupières tâchées de maquillage, et ses pupilles n’ont plus cette lueur charismatique et folle – elles sont juste tristes, fatiguées et très humaines. « De quoi parlez-vous ? Une partie de moi est confiante, l’autre est comme tout le monde. »
Quoi qu’il en soit, parler de ça la met mal à l’aise. « Je ne sais pas si je plonge si loin dans ma psychologie, » dit-elle. « J’ai peur que ça me rende folle, alors peut être que nous devrions arrêter. Je ne vois pas de psy. Je n’en ai jamais consulté. Inévitablement, on me pose toujours la question : ‘Parlons de votre vrai vous’ et je fais… ‘Qui ? Qu’est-ce que vous cherchez ?’ »
Alors que nous empruntons une petite rue de Newark, Gaga repère un panneau sur un immeuble en briques sur lequel est marqué GARDE-MANGER DES APOTRES. Elle a le souffle coupé – avec son clip qui sort, c’est un présage – et demande qu’on arrête la voiture. Elle veut entrer, mais c’est fermé, alors elle s’installe pour prendre quelques photos sur les marches du bâtiment.
Dans la salle de concert, tout est prêt pour elle. Son groupe est sur scène, bossant sur une version de ‘Judas’, qui sera présenté pour la première fois chez Ellen dans quelques jours. Mais d’abord, nous sommes conduits dans son immense loge, dont le miroir est orné de licornes. Dans une boite posée dans un coin, il y a sa collection de vinyles de voyage, des standards du rock et du métal : ‘Ziggy Stardust’, ‘Born in the USA’, ‘Glass Houses’, ‘Goodbye Yellow Brick Road’, ‘Appetite for Destruction’. Dans la même boite on trouve un DVD de ‘Family Guy’.
Après qu’elle ait répété ‘Judas’ – se tenant au milieu de cette salle vide, micro en main – ses parents arrivent : son père, Joseph, grand et robuste dans un pantalon kaki et une chemise boutonnée ; sa mère, Cynthia, petite et blonde en soie fluide. Ils sont clairement habitués à tout ça désormais, chacun portant au cou un pass pour les coulisses avec leur photo dessus. Ils se laissent tomber sur les canapés de la loge, comme s’ils étaient dans leur salon.
Le père de Gaga a subi une chirurgie à cœur ouvert à l’automne 2009, après avoir initialement refusé. « Il disait ‘Je vais mourir… Laissez-moi mourir’, » se rappelle Gaga. Elle a écrit sa chanson ‘Speechless’ à propos de ça, mais cela n’a pas suffi à le convaincre de se faire opérer. Lorsqu’elle était chez eux un soir, leur chienne, Alice, est tombée dans les escaliers – Gaga a entendu sa mère crier et a imaginé le pire. « J’ai descendu les escaliers en courant, mon père se tenait là, avec Alice dans les bras, et je lui ai dit : ‘C’est terminé,’ et je l’ai emmené dans le bureau et lui ai dit ‘Prend le téléphone et fais le maintenant’. Il s’est complètement remis – les docteurs disent qu’il a eu son opération juste à temps. »
Comme si lui sauver la vie n’était pas suffisant, Gaga lui a présenté son héros, Bruce Springsteen – les Germanotta et les Springsteen ont fait un grand diner tous ensemble. « C’était comme rencontrer le Pape pour moi, » raconte son père. Il semble adouci par toutes ces expériences, s’écroulant de rire en se rappelant notre brève rencontre deux ans plus tôt, lorsqu’il m’avait mis le doigt sur la poitrine en me disant de « faire attention ». Nous parlons un moment de Springsteen, de Clemons et de sa carrière de vendeur de Wi-Fi dans les hôtels (Hotelchatter.com l’a surnommé ‘Le Parrain du Wi-Fi’) – jusqu’à ce que Gaga nous repère. « Papa, sois prudent avec ce que tu dis, » dit-elle.
« Nous parlons de Wi-Fi, » répond-il.
« C’est pire, » dit-elle, en faisant rouler ses yeux à la manière distincte des adolescents.
Pâques est dans deux jours, et les parents de Gaga veulent savoir si elle viendra à l’église avec eux. « Le Père O’Connor adorerait te voir, » dit son père.
« J’imagine, » répond-elle.
« C’est vrai ! Il demande à te voir tout le temps. »
« Vous êtes sûrs que vous voulez que je vienne à l’église à Pâques ? Je viens de sortir un single qui s’appelle ‘Judas’ ! Dois-je porter une robe qui dit ‘Achetez mon nouvel single ‘Judas’ sur iTunes’ ? »
La perruque blond criard de Gaga a ses propres rituels avant le show ; Aspiras la stylise et la brushe sur un porte-perruque. Maintenant elle est fermement fixée à la tête de Gaga, qui est vêtue d’un léopard brillant et de bas résilles. Elle rejoint son groupe et ses danseurs – il y a au moins 20 personnes ici – dans le couloir et tous se tiennent la main pour une prière, récitée par un danseur à moitié nu sous un peignoir. « Seigneur, alors que nous inclinons nos têtes ce soir, merci de nous permettre d’être ici, ensemble, sains et saufs, » dit-il à un rythme rapide. « Bénis Gaga, bénis sa voix, son corps, son endurance… Bénis le groupe et leurs instruments, les danseurs et leurs pieds, les choristes et leurs voix, Seigneur. »
On installe des moniteurs dans les oreilles de Gaga, et elle commence une longue marche dans les couloirs carrelés vers la scène, flanquée comme chaque jour de son manager, ses agents de sécurité, son coiffeur, sa maquilleuse. On l’attend sur scène dans environ deux minutes, mais on ne dirait pas : elle s’occupe durant cette marche à asperger de déodorant les membres de son entourage.
« C’est du déodorant pour fille, » dit-elle lorsqu’ils protestent. « J’aime le parfum ! J’utilise du parfum de fille même si je suis un homme. Même si j’ai un pénis. C’est la rumeur me concernant que je préfère. »
A l’intérieur de la salle, les lumières s’éteignent, et la foule hurle – ils ne crient pas, ils hurlent. (Durant le show, un flot incessant de petits monstres évanouis arrivent par dessus les barricades – c’est comme l’un des concerts de Michael Jackson à Bucarest.) Pendant qu’elle attend à côté de l’entrée de la scène, Gaga se met à chanter le refrain de sa nouvelle chanson ‘The Edge of Glory’ à pleine voix, juste pour elle.
Après pratiquement chaque chanson, Gaga s’engouffre dans une minuscule tente sous la scène, où elle change de tenue et où on lui donne des gorgées de soda allégé et d’eau de coco. Le show est tellement éreintant qu’il lui arrive aussi d’y vomir discrètement quelques fois – pas ce soir là cependant.
 
Accrochée au-dessus du miroir de la loge de Gaga, dans un cadre noir en dent de scie à l’air coûteux, on trouve une grande photo d’un homme fin, aux cheveux longs et portant du cuir. Il s’agit de Lüc Carl – son petit ami irrégulier, et l’inspiration de nombreuses chansons. Elle m’avait dit il y a deux ans que beaucoup de chansons sur ‘The Fame’ parlaient de leur relation (« J’étais sa Sandy, il était mon Danny (NdT : référence à ‘Grease’), et j’ai rompu, » disait-elle), et ‘Bad Romance’ semble en être sa chanson-titre. « Cette histoire a traversé mes trois albums, » explique-t-elle aujourd’hui. « Tout le monde a une muse. » Sa chanson la plus puissante et joyeuse, la nouvelle ballade puissante ‘Yoü & I’ – produite par Mutt Lange, avec un solo de guitare de Brian May – raconte explicitement comment le couple a repris sa relation : elle chante sur le fait de retourner dans le bar où ils se sont rencontrés (St Jerome, dans le Lower East Side) : ‘Ca fait deux ans que je t’ai laissé partir… Cette fois je ne partirai pas sans toi.’ C’est tellement émouvant qu’elle a pleuré de manière incontrôlable lorsqu’elle a enregistré la chanson.
Mais bien qu’elle chante cette relation chaque soir, elle ne veut plus en parler – elle veut la protéger, la garder pour eux deux. Je rencontre Carl en coulisses, mais elle me demande de garder les détails pour moi. Elle avait pour habitude de dire qu’elle aurait à choisir entre la musique et l’amour. Mais sa relation avec Carl – un batteur, barman et marathonien qui a un blog et un livre en cours d’écriture sur un programme de fitness qu’il appelle le Drunk Diet – suggère toute autre chose.
Elle aborde ce sujet avec douceur. « Oui mais ce n’est pas si simple, » dit-elle, assise dans la suite d’un hôtel de Chicago, une semaine après Newark. Elle vient de terminer une performance de ‘Yoü & I’ chez Oprah et a toujours une corne rouge-sang attachée de chaque côté de son front.
« Mais ma vie n’est pas aussi noire ou blanche que mes cheveux, » continue-t-elle. « C’est bien plus compliqué que ça. » La relation est « très intense », explique-t-elle, alors « on a les deux, mais chacun vit de l’autre et souffre de l’autre, tu dois juste te consacrer à ce en quoi tu crois et te battre pour ce que tu aimes, et c’est tout. » Donc le problème c’est l’équilibre ? Elle secoue la tête. « Je ne suis pas vraiment intéressée par l’équilibre, pour être honnête, quiconque m’aime le sait et accepte cela. »
Ca serait sympa de penser que Gaga puisse trouver le bonheur – spécialement parce qu’elle dit parfois des choses perturbantes. De retour à Nashville, nous discutons des destins jumeaux de Elvis Prestley et Michael Jackson, des conséquences étranges d’une célébrité extrême en Amérique. « Vous pensez que je suis à leurs niveaux ? » demande-t-elle. Je suggère que c’est en cours. « C’est encore plus terrifiant que tout que vous pensiez ça. »
Elle considère cette idée durant un moment. « Si c’est mon destin de finir ainsi, alors qu’il en soit ainsi, » dit-elle, sans cligner des yeux.
A Chicago, elle plonge de nouveau dans la noirceur. « Voilà ce que je vous dirai. Ce que je vous dirai, c’est que lorsque je ne suis pas sur scène, je me sens morte, et lorsque je suis sur scène, je me sens vivante. Que ce soit sain ou pas pour vous, ou pour qui que ce soit, pour un docteur, ça ne me concerne pas. Je ne me sens en vie que lorsque je suis sur scène et c’est comme ça que je suis née. »
Ce genre de discours devrait être angoissant – mais je ne peux m’empêcher de penser à un moment à Newark, lorsqu’elle est sortie de scène. Elle venait de saluer, la foule sortait par les escaliers de la salle. Mais lorsque la version studio de ‘Judas’ a été déversée à plein volume, Lady Gaga s’est remise à bouger. A l’extrémité droite de la scène, à la vue de quelques dizaines de fans qui trainaient là, elle a balancé ses bottes de stripteaseuse, et a dansé plus qu’elle ne l’avait fait toute la nuit. Le show était terminé, mais pas la performance. On ne dirait pas que ça va s’arrêter un jour.

 

Traduction par Christelle

101 commentaires on “Rolling Stone”

  1. Magnifique !
    J’aime bien lorsqu’elle est légèrement de profil, et puis j’adore le titre du magazine : « Monster Goddess »^^

  2. ca me fait penser au photo qui été faite en 70~ non ? Les photo jaunes/orange avec un styl anner 80 j’aime pas trop personnelement :) mais bon^^

  3. Je trouve cette couverture MAGNIFIQUE et c’est le premier magazine que j’ai envie d’acheter rien que pour la photo de GaGa en couverture !! ♥♥

  4. franchement sa change des couvertures comme sa, y’a pas de tralala et de tenues extremes, de maquillages extremes ect, sa fait très frais et tout, j’adhère et j’adore !

    1. ses cheveux sont un peu roux sa doit être pour sa , ah oui et la peau très blanche xD
      en tout cas j’adore Mylène donc tant mieux =D

  5. J’adore cette couverture !

    Que ce soit Gaga ou l’aspect de la couverture, on ce croirait revenu dans les années 70 en les voyants ^^ . Vraiment l’aspect rétro de cette couv est du plus belle effet :-)

  6. Quelle poupée:) Elle est magnifique, j’achèterai ce magazine!

    Question : Pouvez-vous m’indiquer un magasin où ils vendent les magazines en import à Paris?

  7. on moins on pourra pas dire que GaGa fu retoucher pour ses seins comme certaines, moi jtrouve que c’est une couv très sobre koi, voilà la GaGa blonde comme dans Eh Eh (sublime!!!) est passé, c’est autre chose, depuis the fame monster elle a changée, moi perso GaGa je trouve que quand elle est blonde et naturelle elle est sublime, genre dans la vidéo google

  8. J’aime cette couverture *___* juste les sourcils blond qui me gêne…Mais sinon elle est magnifique *__*

    J’ai trouver trois photos qui font parti du shoot pour le rolling stone ..
    les liens :

    http://a8.sphotos.ak.fbcdn.net/hphotos-ak-snc6/247586_204932356215402_103282773047028_534742_5680186_n.jpg

    http://a2.sphotos.ak.fbcdn.net/hphotos-ak-ash4/250561_204932376215400_103282773047028_534743_7809651_n.jpg

    http://a3.sphotos.ak.fbcdn.net/hphotos-ak-ash4/249941_204932396215398_103282773047028_534744_8356863_n.jpg

    J’espere quel plairont et que vous pourrez acceder x)

  9. Oh! la photo dans le « jardin’ là que vous avez rajouté, on dirait TROP Alice aux Pays des Merveilles l’ambuance les couleurs et la forme des « buissons » ect!

  10. Sublime enfin une couverture ou on la voit sans tout son maquillage et des tenus surnaturel (même si j’adore ce genre de couverture). Simple et rétro J’ADORE !

  11. Euh, on ne le voit aps forément, mais il me semble qu’elle a quand même de quoi faire niveau maquillage là…ce n’est aps extravagant mais c’est loin d’être du Gaga « au naturel »

  12. Est-ce qu’il y aura traduction ou résumé de l’interview ? Parce que je sais que Christelle doit être débordée donc si non, je me débrouillerai seule. Dites-moi juste :)

  13. J’adore la couverture, très jolie. Je suis dingue de celle où il y a toutes les fleurs jaunes. ^^ Mais bon, moi l’avoir, oulala jpourrais pas. Impossible de trouver à la presse de chez moi, comme ne serait-ce le Madame Figaro. :/

  14. Merci Xtelle pour cette superbe traduction :)
    J’ai acheté le magazine il y a quelques semaines.
    J’avais lu l’article mais je n’avais pas maitrisé toutes les subtilités de l’interview !

  15. Christelle , laisse moi te dire que je T’ADOOORE!!!! Ta traduction (et toute celle que tu fais) est vraiment génial!!! Ça dois te prendre beaucoup de temps faire tout ton boulot mais sache que je l’apprécie beaucoup. Mon niveau d’anglais est trop mauvais pour pouvoir comprendre 70% d’un article comme celui-la. Et grace a toi, j’ai pu tout comprendre!

    Je voudrais aussi dire que je ne comprend vraiment pas les gens qui te dise des mauvais commentaire. Il m’enrage. Bref, Merci et continue comme ça! :)

  16. Entrevue réalisé durant Gagavision 44
    C’est vraiment un très bon article et je ne peut m’empêcher de penser quand ils parlent des fans que depuis que je suis un monster je suis beaucoup plus tolèrent et pas la même personne, sans tomber dans le délire de dire que GaGa est un messie (Parce que ya des fan tellement bizarre et gaga en rajoute une couche en parlant de s mission su rterre) je dit qu’elle a vraiment le pouvoir de rendre notre génération meilleur ‘Si tu as un potentiel révolutionnaire, tu as l’obligation morale de faire du monde un endroit meilleur.’.

    1. Tout à fait d’accord, c’est pareil pour moi. Pour peu qu’on écoute ce qu’elle a dire, on ne peut qu’adhérer à ses idées… C’est vraiment une chouette femme.

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